Jeanne d'Arc
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A la mort de Charles VI en 1422, le Dauphin Charles VII n’est plus que le roi de Bourges. C’est Jehanne d’Arc qui va lui faire rendre son royaume. Chacun sait les belles pages d’histoire de France qu’illustre notre sainte héroïne et nous nous attacherons qu’à son passage à Bray.

Des historiens ont discuté de savoir si oui ou non, Jehanne d’être bien passé à Bray. La tradition locale est formelle, et voici d’autre part un extrait tiré de la « Notice historique sur Bray-sur-Seine » par Louis Roubault.

«  Vers onze heures du matin, le 4 aout, les habitants du village de Mouy, virent tout à coup apparaitre sur la route qui conduite aujourd’hui à Everly, une armée ayant à sa tête les grands du royaume de France qui commençait à se reconstituer.

L’armée française, voyant que la ville et le pont de Bray étaient au pouvoir de l’ennemi, ne voulut pas combattre, et malgré le roi, tourna tête vers le Montois. Jehanne d’Arc était d’avis de partir dans la direction de Paris et de reprendre cette ville aux Anglais.

Une vieille chronique dit : « le roy adhéra aux conseils de sa compagnie. Il fut décidé que, pour retourner vers la rivière Loire, il passeraient la rivière Seine par la ville nommée Bray, située dans le pays de Champagne, où il y avait un bon pont et luy fut promis obeyssance et passage par les habitants d’icelle. Mais la nuit dont il devait passer le matin en suivant, il y arriva certainement quantité d’Anglais auxquels on ouvrit la porte et ils entrèrent dedans. Après quoi il y eut des gens  du roy lesquels s’avancèrent pour penser entrer les premiers, dont aucuns furent pris et les autres détrousser et par ce moyen ce passage fut rompu et empêcher. De quoi les ducs d’Alençon, de Bourbon et de Bar et les comtes de Vendome et e Laval avec tous les capitaines furent bien joyeux et contents, pour ce que la dite conclusion de passer fut faite contre leur gré et volonté ; car ils estoient d’avis contraire, savoir que le Roy devait passer outre pour toujours consquestes, vetis la puissance qu’il avait et que ses ennemis ne l’avaient osé combattre. »

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carte du royaume de France sous Jeanne d'Arc

Avec l’armée découragée, démoralisée, Jehanne d’Arc quitté Saint –Denis le 13 septembre, passa la Seine à Bray le 16 septembre, puis l’Yonne à gué, le lendemain aux environs de Sens et enfin la Loire à Gien, le 21.

Une étude sur Jehanne d’Arc parue dans la revue « Fêtes et Saisons » (N°28 avril 1948) confirme cette thèse.

Historiquement, le passage de Jehanne d’Arc est donc bien noté pour Bray. Ce qui d’ailleurs renforce la position de notre ville à ce sujet, c’est que l’itinéraire est parfaitement établi, même chronométré, et point extrémement important, il ne fait pas double emploi avec une autre route, et aucune autre ville n’a jamais revendiqué ce célèbre passage.

Pourtant, Louis Roubault n’oublie pas de poser la question de savoir sur quel pont Jehanne d’Arc a passé, il suppose un pont de pilotis et signale que le pont actuel a été construit en 1498 en remplacement du bac reliant à Bray les deux rives de la Seine, et du pont de Jaulnes qui tombait en ruines.

Nous avions d’abord pensé que Jehanne d’Arc aurait pu suivre l’ancienne voie romaine et passer à Jaulnes, mais l’état de ce pont en 1498 laisse supposer qu’il était depuis longtemps en mauvaises conditions, et son manque d’entretien semblerait découler d’une utilisation réduite qui confirmerait la décadence du village et la présence possible d’un autre pont dans le voisinage.

Un autre récit que nous qualifierons apocryphe, révèle que Jehanne d’Arc est entrée à Bray par la porte Saint-Jean qui est à l’opposé de la porte de Jaulnes. Ce document nous oblige à reconsidérer la question et à rechercher un pont primitif en aval de la ville.

Examinons donc la topographie ancienne d la région.

a)      Bray sur la rive gauche de la Seine est une place entièrement fortifiée et entourée de larges fossés. Trois portes en permettant l’accès :

A l’Est : la porte de Jaulnes

Au Sud : la porte Notre Dame

A  l’Ouest : la porte Saint-Jean

b)      Des faubourgs se sont établis aux portes de Bray, le long des voies de communication/

A l’Est : le faubourg de Jaulnes

Au Sud : le faubourg Saint-Laurent

A l’Ouest : faubourg Saint-Jean

Au Nord, sur la rive droite, en face de Bray, le hameau d’Henrien ne porte pas le nom du faubourg, il n’est pas situé sur une grande route.

c)       En aval, sur la rive droite, à l’emplacement actuel su Vieux-Mouy, le village de Mouy-sur-Seine, groupé autour de son église.

d)      La route venant d’Everly à Bray, formant T avec la route actuelle, indique une direction originelle qui devrait franchir la Seine en aval de la Porte Saint-Jean.

e)      Enfin, il est inconcevable de penser qu’une ville de l’importance de la situation de Bray à cette époque, n’ait pas été pourvue d’un pont, et d’un « bon pont » comme l’affirme la vieille chronique rapportée par L. Roubault.

Partant de ces observations historiques et topographiques, et des déductions qu’elles impliquent, nous avons été amenés à rechercher sur le terrain, ds vestiges possibles, qui nous permetraient de remettre le pont primitif à sa place.

En premier lieu, il convient de considérer que ce pont aurait dû être construit peu après l’origine de la ville, et que selon la technique de l’époque, il devait être en bois, comme ceux de Jaulnes, de Montereau, et celui récemment découvert aux Ormes sur la Voulzie.

Si le développement du faubourg Saint-Jean nous autorise à placer ce pont à son extrémité occidentale, les travaux effectués le long des quais ne permettent plus d’observations, par contre, le point opposé sur la rive droite, découvre une levée de terre anormale dans l’aspect général de la prairie plate et basse. Cette butte pourrait être le reste de la culée nord.

Mais pour conclure que le pont aurait pu être situé à cet endroit, qui est, notons le, le plus étroit de la rivière dans la région, il nous faut encore détecter les vestiges sur la rive droite, or, les crues fréquentes de la Seine ont pu empoter, depuis 500 ans, toutes les traces qui auraient pu être formelle. Le tronçon de voie romaine entre Jaulnes et Grand-Peugny, a subi de larges brèches sous la pression des eaux.

En outre, la navigation a nécessité l’arrachage de tous les pieux qui pouvaient se trouver dans le lit de la rivière.

Cependant, lorsque l’on est sur place, on remarque que la butte de terre citée possède un court prolongement dirigé vers la route d’Everly. De plus, on distingue sur la berge plusieurs pieux dont le calibre semble laisser supposer qu’ils n’étaient pas destinés au soutien des longerons, mais au maintien de la culée. Précisons qu’ils sont nettement distincts des restes du pont sur pilotis construit par les Allemands au même endroit en 1940. Ce qui prouverait peut-être que l’Histoire est un éternel recommencement.

La position de ce pont va maintenant répondre à diverses questions.

On comprend mieux la naissance et le développement du faubourg Saint-Jean, qui n’aurait  jamais existé en dehors d’une voie d’une voie de circulation fréquentée. La même loi  régit la création des autres faubourgs, elle provoque également le déplacement de Mouy, après la construction actuel en 1498.

On voit aussi pourquoi, à ce pont neuf ne correspond aucune porte, mais une poterne, taillée dans le rempart. On conçoit plus clairement le tracé le tracé de la route d’Everly d’une part, et d’autre part, celui de la route de Sens à partir de la porte Saint-Jean, en remplacement de l’ancienne route de Bourgogne qui partait de la porte Notre-Dame.

Enfin, reprenant la vieille chronique citée plus haut, nous voyons que le troupe royale devait passer par Bray parce que les habitants de la ville (accessoirement à la présence du bon pont) avaient promis obéissance et passage ; il n’y avait donc pas d’Anglais in muros.

Le rédacteur de ce rapport apparait assez nettement comme un des membres de la troupe de Charles VII, et par conséquent, il n’était donc pas placé pour savoir si vraiment les Anglais étaient entrés dans Bray la nuit du 3 au 4 aout.

Il n’est pas impossible qu’on leur ouvrit les portes, mais cela est douteux du fait que l’arrivée de Jehanne d’Arc, partout victorieuse était imminente, et que ce sachant, les Braytois pouvaient aisément, derrière leurs remparts, supporter un siège de quelques heures.

D’autre part, pour les Anglais, la possession de la ville n’affirmait pas tellement l’interdiction du pont, alors qu’il leur suffisait simplement de masser aux abords une compagnie bien en vue et décidée à barrer le passage en cas de combat ouvert par les Français. Ces troupe anglaises ne sont d’ailleurs pas restées en place et ont dû rejoindre leur base (probablement Sens) sitôt l’alerte passée.

Cela nous explique pourquoi le 16 septembre suivant, Jehanne franchissait enfin le pont de Bray en entrait dans la ville sans combat.

Que fit Jehanne d’Arc pendant son court séjour à Bray ?

A ce propos, il convient de dissiper un malentendu fâcheux selon lequel elle aurait couché dans la vieille maison de la rue du Minage, baptisée depuis peu « maison de Jeanne d’Arc » par un éditeur peu scrupuleux, désireux sans doute de mieux vendre ses cartes postales.

Un certain nombre d’officiers et de gardes fut certainement logé au château de Bray qui s’élevait à l’emplacement de l’hôpital actuel, mais la tradition nous rapporte que les grands du royaume, et en particulier Jehanne d’Arc, sont descendu au palais des Ducs de Bourgogne.

La présence de Jehanne dans une humble demeure aurait d’ailleurs été incompatible avec le rang auquel elle avait accédé, et avec son rôle de chef d’armée ; nous la voyons bien mieux dans la compagnie du roi, qui selon toute logique ne pouvait se loger qu’au palais, qui  bien que modeste hôtel seigneurial, sans doute, offrait certainement un cadre et commodités que les autres maisons, même bourgeoises, ne pouvaient posséder.

Le 17 septembre au matin, elle assista à la messe en la collégiale Notre-Dame, puis à la tête de sa troupe, elle se dirigea vers l’Yonne qu’lle passa à gué aux environs de Sens, et poursuivi sa route vers le sud.

Pour terminer avec notre vieux pont de bois, nous pensons qu’il aurait pu être rendu inutilisable par les Angalis dans la période 1430-1450, époque à partir de laquelle les Braytois ont établi un bac en attendant la construction d’un nouveau pont.