La Revolution
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Louis XVI, en montant sur le trône auquel l’appelait la mort de son grand-père eut cette réflexion : « C’est comme si l’univers me tombait sur la tête ».

Il trouvait la France dans une situation qui aurait exigé une longue expérience des choses et hommes, une volonté bien arrêtée, une grande fermeté de caractère. Malheureusement, il n’avait aucune de ces qualités essentielles. La nature l’avait créé faible, et l’éducation, sans avoir été négligé, n’avait rien fait pour lui donner ce que lui avait refusé la nature.

Bon, sensible et compatissant, simple dans ses gouts, modeste dans ses habitudes, Louis XVI avait tout ce qui fait l’homme estimable, rien de ce qui fait un grand roi. Sincèrement ami du bien, il ne sut jamais empêcher le mal.

Mal conseillé par son entourage, on vit bientôt en lui le représentant d’un régime impuissant à maintenir l’ordre dans le royaume. La population souffrait de l’ingérence des ministres et de l’instabilité gouvernementale. Les recettes n’équilibraient plus les dépenses. Le peuple commençait à gronder.

Après avoir longtemps hésité et ajourné la date d’ouverture, il se décida enfin à convoquer les Etats Généraux pour le 5 mai 1789.

Bien que le roi ait pu craindre certaines remontrances, d’ailleurs justifiées, de cette assemblée, il pouvait cependant espérer qu’elle serait capable de trouver les solutions aux nombreux problèmes qui mettaient à la fois en danger la France, le régime, et bien qu’il ne s’en douta pas encore, le roi lui-même.

La Bassée était représentée au Etats Généraux par :

Victurnien Jean-Baptiste de Mortemart, duc de Rochechouart, Baron de Bray, né à Everly en 1752-député de la noblesse

Et Bonaventure Victor de Mortemart, né à Everly en 1753- député de la noblesse

Après vérification des pouvoirs et diverses discutions, les Etats Généraux décident le 17 juin de prendre le nom d’Assemblée Nationale.

Cette assemblée, qui prit dans l’histoire de titre d’Assemblée Nationale Constituante, outre les importantes affaires financières en cours, avait surtout à fixer la Constitution du royaume. Mais le travail était ardu. Le roi cherchait à conserver l’initiative gouvernementale. La cour était divisée en plusieurs clans.

L’assemblée elle-même, tiraillée et déchirée par différents partis, n’arrivait pas à établir un climat d’entente favorable. Enfin, le peuple de Paris, animé par les députés du Tiers, influençait par des menaces continuelles la plupart des délibérations.

Le noblesse, sous l’impulsion de l’Aiguillon et du vicomte de Noailles, proposa l’abolition des droits féodaux. C’était évidemment un moyen d’établir une certaine égalité entre tous les Français, ce qui pouvait permettre d’espérer des délibérations plus rationnelles.

Après divers orateurs des trois ordres, les déclarations du Duc de Guiche et du Duc de Mortemart (Baron de Bray) eurent une action décisive. Les propositions se succédaient avec une telle rapidité que le secrétaire pouvait à peine les écrire, et c’est ainsi que dans la nuit du 4 aout, furent abolis tous les privilèges et droits seigneuriaux.

Ce premier travail fut suivi le 26 aout de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Mais ces beaux résultats ne remplissaient pas les estomacs ; et le peuple, ignorant sans doute que l’émeute ne nourrit pas son homme, et que rien n’est plus improductif qu’une révolte, était amené à s’occuper davantage de politique que de travail.

Le ravitaillement n’arrivait plus, les esprits s’échauffaient, les séances de l’assemblée se poursuivaient en discussions stériles. Les décisions se heurtaient au roi qui subissait l’influence de la reine ; les dissensions s’aggravaient.

Vint la tentative d’évasion arrêtée à Varennes.

Enfin, le 30 septembre 1791, après avoir instauré en France le régime constitutionnel, l’Assemblée Nationale Constituante déclara sa mission terminée.

Elle fut remplacée par l’Assemblée Législative, élue au suffrage universel, et constituée le 4 octobre 1791.

Mais la Révolution n’était pas terminée ; elle ne faisait que commencer.

La France cherchait sa voie ; elle aurait voulu conserver tout ce que le régime avait de bon, et prendre le meilleur de ce qu’on lui proposait.

Durant cette nouvelle période, la noblesse s’expatrie, la colonie de Saint-Domingue se soulève. Puis ce sont les massacres d’Avignon. Vient ensuite le problème des prêtres réfractaires. Enfin, on parle de guerre.

En février 1792, le peuple de Paris s’agite à nouveau, mais le 20 avril, la déclaration de guerre à la Hongrie soulève l’enthousiasme et le patriotisme populaire.

Cependant, le parisiens, par des manifestations intempestives gênaient les délibérations de l’Assemblée, et le 21 juin 1792, Bigot de Préameneu, député constitutionnel s’élevait contre ses manœuvres.

On passait le temps en des discutions interminables, les orateurs se succédaient à la tribune, mais les résultats se faisaient attendre

Jean-Nicolas Vigny, Commandant du 5è bataillon de la Garde Nationale, avait été élu Maire de Bray-sur-Seine la 15 janvier 1791, en remplacement de M. Colmet-Dagge, nommé juge de paix.

Le 12 aout 1791, Vigny, fut également nommé commissaire pour recevoir les enrôlements volontaires.

A la suite de l’attaque des Tuileries, la 10 aout 1792, l’Assemblée Législative, impuissante à assurer le maintient de l’ordre et le respect de l’autorité, décidaient sa dissolution et la formation d’uns Convention Nationale.

Le 13 aout, la famille royale était transférée au Temple.

Le 21 septembre, la Convention était constituée. Les sombres circonstances au lieu desquelles se réunissait la Convention lui imposait une grande tâche et des devoirs difficiles.

Un pays en proie à l’anarchie et une société qui semblait en pleine dissolution ; tous les liens de la subordination hiérarchique rompus, tous les ressorts de l’administration brisés, le brigandage érigé en système, le meurtre et le vol en moyens de gouvernement : tel était l’effrayant tableau que présentait alors la France.

Malgré les efforts des clubs dans les départements pour diriger les voix des électeurs sur les jacobins les plus exaltés, les choix n’étaient en grande partie concentrés sur des hommes qui promettaient d’allier une sage modération au dévouement le plus absolu à la Révolution et à ses principes.

Sur 749 membres qui formaient la Convention, 75 avaient appartenu à la Constinuante et près de 200 à la Législative.

Les deux autres tiers se composaient d’hommes nouveaux.

Parmi eux, se trouvait Vigny, administrateur de l’hôpital de Bray-sur-Seine, et que les Basséens avaient choisi pour les représenter. Il est évident que tous les nouveaux élus auraient pu composer une majorité agissante, mais la présence, au sein de la Convention, d’hommes des assemblées précédentes déjà roués aux jeux de la tribune, organisés, et habiles à manier les foules, et aussi, la présence continuelle du peuple de Paris, pesant comme une menace, leur firent bientôt perdre leur enthousiasme et leurs qualités.

Les problèmes et les dissentiments qui avaient eu raison de l’Assemblée Législative demeuraient. La Convention serait-elle capable de résoudre les uns et d’apaiser les autres ?

Le jour même de son installation, la Convention Nationale décréta que la royauté était abolie en France.

Cependant, au cours des séances suivantes, elle offre le triste spectacle d’une majorité qui veut sincèrement le bien, et qui se consume en efforts impuissants contre une profonde désorganisation et contre l’esprit d’anarchie qu’entretient autour d’elle une minorité violente.

Dans le même temps, les succès militaires dans le nord et dans les Alpes semblaient pourtant assurer un prestige à ,la jeune république, qui d’autre part, en reconnaissant les mérites des armées se refusait à payer ses soldats, ce dont le général Dumourierz fut particulièrement affecté.

Le 7 novembre, le député Mailhe fit à la Convention un rapport dont le conclusions étaient :

1)      Que Louis XVI pouvait être jugé

2)      Qu’il serait jugé par la Convention

3)      Qu’il serait fait rapport énonciatif des délits dont Louis XVI se trouverait prévenu

4)      Que Louis XVI, par lui ou par ses conseils présenterait sa défense écrite ou verbale

5)      Que la Convention porterait son jugement par appel nominal.

La discussion s’ouvrit le 13 sur le premier point, et les débats continuèrent les jours suivants. Le 11 décembre le procès commença. On sait ce que fut ce procès, au cours duquel une minorité haineuse imposé ses vues à une majorité territoriale. La menace de l’échaffaud n’était pas seulement sur le prévenu, mais aussi sur chacun de ses juges. Malgré l’opposition des Montagnards, on finit par accorder à l’accusé la possibilité de se choisir un conseil pour sa défense. Louis XVI demanda les avocats Trechet et Target, le premier accepta, le seconds refusa net. Le vieux Lamoignon-Malesherbes se proposa directement au Président de la Convention et fut accepté.

Le 26 décembre, Louis XVI comparaissait à nouveau devant la Convention érigée en tribunal, et ses avocats présentèrent sa défense préparée en 4 nuits avec la précipitation que commandait le peu de temps  qui leur avait été accordé. A 16heures Louis XVI remontait en voiture et la Convention n’avait plus qu’à délibérer sur son sort ; mais il avait à peine quitté l’Assemblée que l’orage amassé au sein des membres les plus exalté de la gauche éclata avec une fureur inouie.

Certains demandaient une étude approfondie de toutes les pièces d’accusation  et de défense, d’autres réclamèrent le jugement immédiat. Lanjuinais interrogea sur la légalité du tribunal. Les uns prétendaient sauver le droit et les autres assurer la justice ; le tumulte monta de seconde en seconde, et la journée s’acheva sans résultat.

Vigny devait sans doute comprendre que Louis XVI était devenu un personnage bien embarrassant, mais comme la majorité des Français, il aurait aimé une solution propre et se refusait à se faire régicide.

Le lendemain, la discussion reprit. Salles demanda l’appel au peuple qui aurait à choisir entre la mort et l’exil. Six séances furent nécessaires pour éviter le projet de Salles soutenus par les Grondins. Enfin, après des délibérations passionnées, les débats furent clos le 7 janvier 1793.

Les Girondins avaient cherché à sauver au moins la vie de Louis XVI, d’autres voulaient gagner du temps. La Cour d’Espagne avait tenté d’intercéder. Mais rien ne pouvait plus empêcher le drame qui se préparait, et tandis que la Convention s’acharnait sur celui qu’il appelait le tyran, elle redoutait déjà de voir un jour naitre en son sein, un chef, un dictateur, et cette perspective fut cause de mainte fois de débats tumultueux.

Roberspierre se vit bien des fois reprocher d’ambitionner le pouvoir. Mais ses querelles politiques internes étaient loin de la réalité. La jeune république était déjà en danger, en effet, mais pas à cause de Robespierre que l’on avait à l’œil, mais à cause de deux généraux qui se battaient pour la France : Dumouriez, qui conscient de la force de son armée pensait à sauver Louis XVI, et Bonaparte, qui n’attendait qu’un moment favorable pour s’emparer de la place que la Convention allait rendre vacante.

Le 14 janvier on reprit les débats sur Louis XVI, après une journée de discussion stériles, on finit par se mettre d’accord pour délibérer sur les points suivants :

1°) Louis XVI est-il coupable ?

2°) le jugement sera-t’il soumis à la ratification du peuple ?

3°) Quelle peine lui sera infligée ?

Le vote aurait lieu par appel nominal pour cette chaque question.

Les votes recueillis par les secrétaires seraient signés par les votants.

On craignait évidemment les résultats d’un vote à bulletin secrets.

Le 15 janvier sur les 749 membres de l’Assemblée, 683 ont répondu « oui » à la première question et 424 ont répondu « non » à la seconde

La troisième question devait être débattue le 16 janvier.

Après diverses précautions et informations pour faire connaitre à l’Assemblée l’état d’esprit de la population parisienne, on passe à l’appel nominal.

Les plus haineux se prononcent pour la mort, les tièdes pour la mort avec possibilité de grâce, les plus courageux se déclarent pour le bannissement.

L’appel nominal se termine le 17 janvier à 20 heures, après pointage, Vergniaud, president, donne le résultat :

Nombre de votants : 721

Majorité absolue 361

Pour la détention et le bannissement à la paix : 286

Pour les fers : 2

Pour la mort avec sursis : 46

Pour la mort avec restriction de possibilité de surseoir à l’exécution :  26

Pour la mort :361

Si l’on tient compte que la moitié des voix était en réalité de 360,5, la majorité absolue aurait du être de 361,5 soit 362 voix. La mort de Louis XVI fut donc décidé à ½ voix de majorité. Non seulement le procès n’était pas légal, mais la condamnation n’était pas non plus valable.

Le résultat du scrutin refléte d’ailleurs assez bien l’état d’esprit de la France, surtout si l’on tient compte de l’influence qu’à pu avoir sur l’Assemblée le peuple de Paris sans cesse maintenu en état d’agitation par les jacobins et par la Commune.

Vigny avait voté pour la détention et le bannissement à la paix.

Louis XVI demande appel à la Nation.

Desize, s’autorisant de la faible majorité qui a condamnée Louis demande que le jugement soit soumis à la ratification du peuple français. Malesherbes supplie d’être entendu à nouveau.

Mais Robespierre s’indigne de trop de temps déjà perdu et s’oppose à un nouveau délai. Après des discussions passionnées, la séance est levé à 23 heures.

Le 18 dès l’ouverture, un membre demanda la vérification du scrutin de la veille. Il fallut procéder au recensement des votes, et toute la journée y fut employée. Le scrutin fut reconnu exact, mais une journée avait été gagnée.

Le 19 au matin la discussion s’ouvre sur la question du sursis.

Après une délibération orageuse on décide enfin de passer au vote sur la question : Sera-t’il sursis à l’éxécution de Louis Capet ?

Le résultat fut proclamé le 20 à 3heure du matin.

Votants 690

Majorité 346

Oui 310

Non 380

Cette majorité de 34 voix était encore contestable, car on aurait voulu la majorité des 2/3 ; mais cela n’aurait pas fait l’affaire de la gauche.

Déjà quleques députés faisaient parvenir leur démission au Président de l’Assemblée.

Le 21 janvier, Louis XVI mourait à l’échaffaud.

Mais la disparition du dernier roi de France n’avait pas ramené l’abondance. Le peuple de Paris demandait du pain, s’insurgeait contre la vie chère, et les émeutes reprenaient.

La République se trouva en guerre contre la Prusse, l’Autriche, la Sardaigne et l’Espagne. Ce fut un nouvel appel aux armes.

Mais un complot avait éclaté en Bretagne, puis en mars 1793 une nouvelle conjuration se déclara en Anjou et gagné rapidement l’ouest de la France.

Le gouvernement, et surtout le Convention, étaient loin de réunir la majorité du peuple. Il y avait encore une grand proportion de royaliste, et les catholiques, mêmes républicains, n’admettaient pas les attaques contre leurs prêtres.

Pendant ce temps l’Assemblée incapable de prendre les mesures qui s’imposaient, se déchirait, se dicisait. Ce n’était que disputes, inculpations, soupçons, accusations et menaces entre ses membres.

La République ne pouvait se maintenir que par la terreur, elle faisait couler le sang partout. En guerre avec toute l’Europe, elle ne résistait à l’intérieur qu’en envoyant à l’échaffaud tous ceux qui lui paraissaient suspect. Elle se débarassa de Marie-Antoinette par un procès qui devait se terminer comme celui de Louis XVI.

Enfin, elle vota une constitution qui prévoyait deux chambres : le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq Cents.

Le 26 octobre 1795, le Convention se sépara et Vigny revint à Bray.