Quatrième Dynastie
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Ainsi que nous venons de le voir le roi de Navarre, Charles III, est devenu baron de Bray depuis le 5 juin 1404. Il avait succédé à son père Charles II en 1387 sur le trône de Navarre. Il est connu dans l'histoire sous le nom de Charles III le Noble, ce qui témoigne semble-t-il de bons sentiments parfaitement reconnus.

1404 - Dès le mois de janvier, la France reprend les hostilités contre l'Angleterre avec succès, en Guyenne et en Picardie.

C'est aussi, le 27 avril, le décès de Philippe Le Hardi, duc de Bourgogne, auquel succède son fils, Jean-sans-Peur.

Depuis quelques temps déjà, pour se protéger, certains villages avaient été autorisés à être ceints de fossés, les terres de déblais étant entassés en guise de remparts. Ce fut le cas des Ormes-sur-Voulzie, de Luisetaines et d'autres localités.

A partir de 1407, à la guerre, vont s'ajouter maints soulèvements intérieurs et des luttes de factions et d'intérêts, principalement entre les Armagnacs et les Bourguignons.

Assassinats, massacres, pillages, incendies et toutes les horreurs du déchaînement de forces incontrôlables.

Comment la baronnie de Bray va-t-elle traverser cette tourmente?

Le baron Charles de Navarre ne parait pas impliqué directement dans les troubles qui l'entourent, et sans doute n'a-t-il pas, sur place, de troupes disponibles ou suffisantes; en outre, la charte de fondation de la baronnie ne précise-t-elle pas que ce territoire doit demeurer en paix? Mais les frontières ne sont pas signalées et les Anglais mettent souvent pieds où ils ne devraient pas.

En 1410, par le Pacte de Gien, les ducs de Bourbons, d'Orléans et de Bretagne, ainsi que les comtes d'Alençon et de Clermont, s'allient au service du roi. Le 23 mai 1414, les Bourguignons s'allient aux Anglais contre les Armagnacs (duc de Bretagne).

En décembre 1418 le dauphin s'intitule Régent du royaume.

Jean Sans Peur

Le 9 mai 1419 c'est l'échec de la conférence de paix entre Jean-sans-Peur et Henri V d'Angleterre. Le duc de Bourgogne comprend alors où est l'intérêt de la France, et décide de se rapprocher du dauphin. C'est alors qu'il reçoit la visite de Tannegui-du-Chatel, principal chef Armagnacs, venant l'inviter à une conférence avec le Dauphin à Montereau le 10 septembre. Après quelques hésitations, il accepte.

Le 9, il arrive au palais de Bray, où il passe la nuit. Nous n'avons pas trouvé de document concernant l'hôte qui le reçut, ni la présence de Charles de Navarre à Bray à cette époque.

Le lendemain matin, accompagné d'une faible escorte, il prend le chemin de Montereau. Laissant son escorte à l'entrée du pont d'Yonne, il s'avance à pied vers le dauphin, fléchit le genou devant lui, et déclare qu'il est venu à son appel pour s'accorder avec lui pour le salut du royaume qui sera son héritage. Au moment où, sur l'invitation du dauphin, il se redresse, Tannegui-du-Chatel lui assène un coup de hache à la tête, le tuant net. Ce meurtre provoqua une recrudescence des combats entre les Armagnacs et les Bourguignons.

Le fils de Jean-san-Peur, Philippe le Bon devient duc de Bourgogne et se prépare à venger son père; le 21 mai 1420 il signe le traité de Troyes avec le roi d'Angleterre.

Le roi Charles VI meurt le 21 octobre 1422. Le 30 octobre à Bourges, le dauphin se proclame roi, sous le nom de Charles VII.

Mais dans le même temps, Henri V s'est fait reconnaître roi de France, par les Parisiens et les Bourguigons.

Les batailles se succèdent à l'avantage des Anglais jusqu'en 1428; c'est alors que Jean Dunois, le 3 septembre, bat Warwick à Montargis.

Le 6 mars 1429, Jeanne d'Arc rencontre Charles VII à Chinon. Le 8 mai, elle délivre Orléans où sont les Anglais depuis sept mois. Puis le 18 juin, nouvelle victoire à Patay. Le moral des troupes françaises remonte.

En juillet, Jeanne d'Arc conduit le roi à Reims où il est sacré le 17

Dans l'entourage du roi on discutait au sujet des opérations à venir. Jeanne souhaitait délivrer Paris, les Grands du royaume voulaient regagner le sud de la Loire. Le roi décide de suivre leur avis. De Reims, la troupe se dirigea sur Provins où il passa la nuit. Au matin du 4 août on se mit en marche en direction du sud. Passant par les Ormes-sur-Voulzie ils arrivèrent au pont de Bray. Roubault, dans sa notice, les fait arriver par la route d'Everly qui ne fut construite que deux cents ans plus tard par le baron de Bray.

Le pont de Bray se trouvait, à l'époque, à peu près à mi-chemin entre Bray et Mouy ( aujourd'hui Le Vieux Mouy, le Mouy actuel n'existait pas). C'était un pont de bois sur pilotis. Il semble que Bray ait donné son accord préalable pour le passage des troupes royales. Pourtant un détachement de troupes anglaises se trouvait à proximité du pont sur l'autre rive. L'armée française voyant que le pont était au pouvoir de l'ennemi ne voulut pas combattre, et malgré le roi, tourna la tête en direction de Paris, car Jeanne était d'avis de reprendre cette ville aux anglais.

Le 26 août, les troupes du roi et de Jeanne arrivaient à Saint-Denis. Des combats eurent lieu sans succès pour les français, et avec l'armée démoralisée; Jeanne quitta Saint-Denis le 13 septembre pour arriver à Bray trois jours plus tard, le 16 septembre. Cette fois le pont était libre et les portes de la ville étaient ouvertes. La tradition affirme que Jeanne est entrée par le porte Saint-Jean, celle à proximité du pont.

Le roi, Jeanne et une partie de leur suite furent reçus au palais de Bray, le reste probablement à la Grosse Tour, et peut-être aussi dans divers bâtiments comme l'Hôtel-Dieu Saint-Antoine.

Le 17 septembre au matin, probablement accompagnée du roi, Jeanne assista à la messe en la collégiale Notre-Dame. Ensuite, toute la troupe quitta Bray, sortant par la porte Notre-Dame (dite aussi porte du Calvaire) et par le chemin de Bourgogne, puis se dirigea vers les pays de Loire.

Le 23 mai 1430, Jeanne d'Arc est faite prisonnière devant Compiègne. On connaît le suite: son procès, son martyre.

Jean Dunois qui l'avait secondé de tout son courage et de tout ses talents, va s'efforcer de continuer son oeuvre et sera l'un des agents les plus heureux de l'expulsion des anglais.

Vue d'ensemble du château de Sigy

Porche du château de Sigy

En 1432, Antoine de Roux était lieutenant de Denis de Chailly et à ce titre, gouverneur du château de Sigy. Il était le petit-fils de Pierre du Roux, gentilhomme au service du roi en 1309 et gouverneur du château de Sigy. Son petit-fils Antoine fut d'abord échanson de Louis VII.

Denis de Chailly commandait pour le roi le corps de troupe destiné à attaquer l'armée anglaise, repliée sous Paris. Trop faible en nombre pour rester sur la défensive, il opéra sa retraite sur la rive gauche de la Seine en abandonnant aux anglais, Corbeil, Melun, Monterau, Bray et Nogent; il s'enferma dans Provins, et tandis qu'il occupait l'armée anglaise à faire le siège de cette ville, il fit contraindre les habitants des villages voisins à se réfugier avec les bestiaux et leurs vivres dans les lieux fortifiés. Les possesseurs temporaires des châteaux avaient été tués en grand nombre au cours de la guerre. Denis de Chailly dissémina ses troupes dans ces châteaux.

Après avoir pris Provins, les anglais vinrent les assiéger. Le 6 octobre 1432 un corps important de l'armée anglaise attaqua celui de Sigy. Antoine du Roux fit une défense désespérée. Lorsque l'armée anglaise se retira, du Roux restait sur les ruines du château avec quelques hommes. Sa courageuse résistance lui attira les faveurs royales, il reçut en récompense le fief de Sigy en toute propriété. Il fut autorisé à la reconstruction du château et à creuser les larges fossés qui l'entourent.

Le 21 septembre 1435, le traité d'Arras scelle la réconciliation entre Philippe-le-Bon duc de Bourgogne et le roi Charles VII.

Philippe le Bon

Le 12 novembre 1437 Charles VII entre dans Paris après dix-neuf ans d'absence.

En novembre 1439 Charles VII crée une armée royale. Il semble bien que ce soit lui qui, dans le cadre de cette armée, établit le Corps de Taupins, soldats du génie militaire dont le rôle était de miner les fortifications à leur base, afin d'y faire des brèches pour permettre aux assiégeant de s'introduire intra-muros.

L'existence de la rue des Taupins, à Bray, semble maintenir le souvenir d'une intervention des Taupins sur une partie des fortifications au sud de la ville, entre la Grosse Tour et la Porte Notre-Dame. Toutefois nous n'avons pas trouvé à quelle occasion ces faits se seraient produits.

Tandis que Charles VII reconquiert progressivement son royaume, aidé par Jean Dunois, (après la capitulation de Bordeaux le 19 octobre 1453, les anglais ne possèdent plus que Calais sur le continent), le baron de Bray organise son domaine.

Pour la gestion de ses affaires il fait appel à quelques uns de ses sujets de Navarre. Dès 1413, un document fait état d'une famille Pampelune résidant à Saint-Pregts (aujourd'hui Grisy-sur-Seine).

Pour les finances il nomme un trésorier: el cajon, mot espagnol qui signifie le caissier en français. C'est probablement à lui que la commune de Montigny-le-Guesdier doit la construction de la Grange aux Dimes, où étaient entreposés les impôts en nature, principalement des céréales.

C'est sans doute aussi par l'influence hispanique que Saint-Jacques est devenu la patron de la paroisse.

En outre, un certain nombre de sujets de Navarre semblent être venus s'installer dans la commune pour y travailler, ce qui fit que jusqu'à nos jours, les habitants de Montigny-le-Guesdier ont été nommés les espagnols par les autochtones. Au début de ce siècle beaucoup d'entre-eux parlaient encore un dialecte particulier, mélange de basque, d'espagnol et de français. Pendant très longtemps, en France, et sans doute aussi ailleurs, seul le nom de baptême était utilisé, et pour distinguer des personnes ayant le même nom de baptême on ajoutait le nom du pays d'origine, soit celui du métier exercé, soit un surnom ou un sobriquet.

C'est pour cette raison que nous avons trouvé une famille Pampelune ainsi qu'une famille Navarre (lieu d'origine). Une famille Cajon (profession), un Manuel de Jaulnes (lieu de Résidence)? Quand à la famille Jacquin, elle semble dériver du prénom espagnol Joaquim.

Ainsi furent formés les patronymes.

Nous avons traversé un peu rapidement cette période pour évoquer les principaux événements qui l'ont marquée, et nous devons maintenant reprendre le cours de la quatrième dynastie des barons de Bray.

Nous savons que le roi de Navarre, Charles III le Noble, prit possession de la baronnie en 1404. Il mourut en 1425 et son fils Jean hérité de la Navarre et de la baronnie de Bray. Il ne régna que très peu de temps et mourut sans postérité. sa sœur Jeanne lui succéda cette même année, puis sa sœur Blanche, épouse de Jean II d'Aragon. Etrange, n'est-ce pas, cette succession de décès pour finalement placer la Navarre entre les mains de Jean II qui la convoitait depuis longtemps. A la mort de Blanche en 1441, son fils Carlos de Viana, hérita de la Navarre, mais il dut la défendre par les armes contre son père.

Jean II d'Aragon

Vint-il prendre possession de la baronnie de Bray? les archives ne semble pas y faire allusion. Il s'y serait pourtant trouvé bien en sécurité en attendant l'héritage du royaume d'Aragon, et loin des poisons de Juana Enriquez, la maîtresse de son père. Carlos mourut, empoisonna par Juana en 1461.

Nous devons aussi mentionner que les Anglais, en se retirant de la région, avaient rendu le pont de Bray inutilisable, et qu'on dut le remplacer par un bac.

La tradition garde le souvenir d'un événement qui se serait produit en 1450 dans le village de Mons, fief non inclus dans la baronnie, mais cependant dépendant de la Grosse Tour de Bray.

F.A. Delettre rapporte qu'un corps de troupe Bourguignons était campé dans les environs de Vaudoy; un détachement qu'on estime à six cents hommes s'en détacha pour venir prendre des vivres dans la région de Mons. Ces troupes furent signalées par des émissaires partis du château de Vanvillé.

Les habitants de Mons se concertèrent sur les moyens de défenses avec les officiers du Ban en garnison à Donnemarie, et il fut décidé qu'ils se borneraient à se défendre derrière leurs remparts, et que s'ils étaient sérieusement attaqués, les troupes du Ban se porteraient à leur secours au premier son de tocsin. Les habitants de Mons, au nombre de deux cent trente quatre, n'écoutant que leur courage, se portèrent à la rencontre des Bourguignons et les attaquèrent; trop faible en nombre, ils se replièrent sur le village et s'enfermèrent dans la tour de l'église; Ils s'établirent sur la plate-forme de cette tour du haut de laquelle ils firent une résistance désespérée.

Les Bourguignons investirent cette tour en abattant des pans de murailles. Les habitants faisaient rouler sur eux des pierres qu'ils arrachaient du haut de la tour; ils tuèrent un certain nombre de Bourguignons. Ces pertes excitèrent leur furie; un dernier assaut les rendit maîtres de la tour.

Les cris de désespoirs des assiégés finirent par être entendus à Donnemarie; les troupes de Ban se portèrent à leur secours. Lorsqu'ils arrivèrent, elles trouvèrent deux cent trente quatre cadavres des habitants impitoyablement massacrés et gisant au bas de la tour parmi les mort des Bourguignons. Elles se mirent à leur poursuite mais ne purent les atteindre.

Nous ne mettons pas en doute la véracité de ce récit, mais nous pensons qu'il y a erreur de date. Des faits à peu près similaires se sont effectivement produits dans toute la région, mais avant 1450. N'oublions pas que le traité d'Arras du 21 septembre 1435 précédemment mentionné, avait scellé la réconciliation entre Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et le roi Charles VII. Donc s'il s'agit vraiment de Bourguigons, les faits se sont produits avant la signature du traité. Par contre, si la date de 1450 est réelle, c'est qu'il ne s'agit pas de Bourguignons mais de troupe incontrôlées et livrées à elle mêmes, comme il y en a pratiquement toujours eu.

Au baron Carlos de Viana, décédé en 1461, succéda sa sœur Blanche à laquelle succéda, la même année, sa sœur Eléonore d'Aragon.

En 1462 la baronnie de Bray est saisie par décret à la requête de Jean, bâtard d'Orléans et comte de Dunois sur la famille de Navarre. On se perd en conjonctures sur cette date et sur son origine. La vente de la baronnie eut lieu la 19 juillet 1463 et l'adjudication, faite au comte Dunois comme étant le plus offrant et dernier enchérisseur.

Ainsi se termine la quatrième dynastie de barons de Bray?