Beaulieu
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Les guerres de religions continuèrent, coupées de paix que ni l’un ni l’autre parti ne respectaient, et qui ne duraient pas. Nous laissons encore A. Binet, retracer un épisode à la fois curieux et ignoré.

« En 1577, comme on disait que l’empereur d’Allemagne se disposait à reprendre Metz, la Cour envoya le duc de Guise avec une armée aux frontières lorraines pour empêcher l’entrée des allemands en France. Des troupes furent détachées du Poitou, d’Auvergne et du Languedoc, pour se réunir à Vitry-le-François. Les compagnies venues d’Auvergne arrivèrent d’abord en Brie et se logèrent entre Sens et la Seine.

Quatre régiments passèrent ensuite la Seine à Noyen et s’arrêtèrent pendant deux jours à Melz, Hermé, Le Mériot, Gouaix, Chalmaison, Saint-Sauveur, les Ormes et Mouy.

Ceux qui étaient logés à Coutures y causèrent de grands dégats, quoique la porte leur eu été ouverte de bon gré et qu’ils avaient été reçus sans résistance. Ils brulèrent et renversèrent les murailles du bourg, rompirent les ponts et les portes, rançonnèrent, pillèrent et battirent les habitants qui se virent forcés d’abandonner leurs maisons.

A la suite de ce pillage, le bourg de Moulin d’Ocle, pour être à l’abri des gens de guerre, s’entoura de fossés (1580) et se ferma de murailles avec quatre tourelles et une porte fortifiée.

La même année, le duc d’Anjou, qui préparait une expédition dans les Flandres, donna commission à plusieurs capitaines pour lever des hommes au nom du roi. Entre autres qui levèrent des hommes en ce pays, fut un capitaine qui se faisait nommé Capitaine Beaulieu, seigneur de Fay. C’était l’enfant d’un hôtelier  de taverne de Nogent-sur-Seine, nommé Virelois. Dès la fin du mois d’aout, Virelois avait levé une compagnie d’homme entre Troyes, Sens et Nogent, qui firent que tourner dans le pays à dix lieues à l’entour de ces villes. Il ne passa la Seine que vers le 15 ou 18 novembre. A luise joignirent à la fin d’octobre sept ou huit autres capitaines avec chacun leur compagnie de voleurs, et du tout, firent un régiment qui se montait à environ 1.500 hommes, dont le colonel fut Virelois, surnommée le capitaine Beaulieu.

S’étant rassemblés aux environs de Troyes et dans le pays d’Othe, à Arci, Tonnerre, ils prirent leur chemin par Troyes, tirèrent à Méry-sur-Seine, et de-là , descendirent le long de la Seine, tenant quatre ou cinq lieues de large, jusqu’à Montereau, à mener tous les villages à rançon, sans en laisser que ceux qui étaient à gentilhomme de grand crédit, mais qu’ils rançonnaient pour n’y pas loger, comme ils rançonnaient ceux où ils logeaient, chacun son hôte et bien rudement avec grosse chère et dépense excessive. Après avoir mangé, pillé, et rançonné tous les villages d’entre Seine et Yonne, ils passèrent  la Seine à Egligny et autres lieux voisins à gué, vers le 16 ou 18 novembre, et logèrent dans les villages environnants à Saint-Sauveur, Mouy, Peugny, Neuvry. Le bourg de Couture se rançonna pour 81 écus afin qu’ils n’y allassent pas loger. De là, ils allèrent à Hermé, Melz, Le Mériot, où ils firent traiter à leur volonté plus que leur saoul. Finalement, apprenant que le roi avait donné au lieutenant du gouverneur de Champagne et Brie ordre de se ruer sur eux pour les prendre prisonniers ou les tailler en pièces, en se servant de l’aide des gentilshommes et des habitants des villages rassemblés au son du tocsin, ils regagnèrent leur point de départ par les bois de Vauluisant.

L’année suivante, les bourgs de la Bassée eurent encore à loger des soldats du duc d’Anjoiu qui venaient de Montereau, Bray…. Et allaient en Flandre. Couture, Moulin d’Ocle, Gouaix, furent remplis de ces gens de guerre.

Il en passa encore un peu plus tard, qui logèrent à Hermé, les Ormes, Chalmaison, où ils séjournèrent deux nuits, en attendant d’autres arrivages ».