Eugene Penancier
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Nous avons fait allusion au début di précédent chapitre, à deux hommes qui devaient parvenir au premier plan de la notoriété au cours de la période 1919-1939, et bien que leur disparition soit postérieure à cette époque, dite aujourd’hui, d’entre deux guerres, c’est à cette place que nous voulons parler d’eaux dans cette étude, c'est-à-dire chronologiquement, au temps de leur célébrité.

Le premier, Eugène Penancier, est né à Bray-sur-Seine en 1873. Après avoir passé ses jeunes années à l’école de Bray, il entra au collège Sainte-Barbe à Paris.

En 1900, jeune avocat, il fut élu Maire de Bray-sur-Seine, à la suite de son père Henri Penancier .

Il commença dès lors une brillante carrière politique, et fut élu successivement  Conseiller Général et Sénateur.

Dans le même temps, il devenait un des grands maître du Barreau de Paris.

Il n’interrompit ses activités qu’au cours de la guerre 1914-1918. Le colonel Eugène Penancier était Commandeur de la Légion d’Honneur.

En 1934, il fut appelé par Daladier pour entrer dans son cabinet et accepta le Ministère de la Justice.

Malheureusement, il n’eut pas la chance de connaître les périodes heureuses et calmes de l’Histoire.

A ses premiers débuts, il se trouve pris dans cette époque d’anticléricalisme qui aboutit à la loi de séparation.

Puis ce fut la Grande Guerre, suivie de crises politiques et économiques.

Vers la fin de son livre, Louis Roubault, parlant de la IIIème République déclare qu’elle est devenue « cette fois le gouvernement définitif de la France…. »

Le pauvre naïf, s’il avait su que nous allions dans les cinquante années à venir changer encore trois fois de régime :

Cette IIIème République du début du siècle, forte de sa jeunesse semblait peut-être inamovible et inébranlable, mais vingt cinq ans plus tard, elle souffrait encore de sa guerre ; elle souffrait des divisions qu’elle avait suscité, elle souffrait d’injustices, d’ineurie, d’impéritie, de scandales, de chomage, de misères. Elle avait réglé leur compte aux impérialistes, aux royalistes et aux curés, mais ne s’était pas affermie pour autant. Elle ignorait que la persécution  est génératrice de forces pour ceux que l’on a opprimé.

C’est pour cela que le peuple grondait, s’agitait, manifestait son mécontentement.

Cela commença par des démonstrations de masses, mesures d’intimidation à l’égard du pouvoir. Il faut avoir vu les défilés des « Croix de Feu », les manifestations des « Jeunesses Patriotes », alias camelots du roi, et les émeutes populaires pour comprendre que 145 ans après la prise de la Bastille, on était encore en 1789.

Telle était le situation quand Daladier forma son ministère. Il faut avouer qu’il fallait un certain courage aux membres du nouveau gouvernement pour accepter de travailler dans ces conditions, et un optimisme non moins certain pour conserver l’espoir de redresser la situation.

Eugène Penancier

Mais les dès étaient déjà sur la table, la partie était plus qu’engagée, et le 6 février éclata comme une bombe.

Comme toujours, on accumula les responsabilités sur les Ministres en place, mais en toute logique, peut-on accuser le nouveau-né de venir au monde ? les vrais responsables n’étaient pas ce jour-là dans les ministères, mais à la chambre des Députés, et c’est bien dans cette direction que marchait le peuple de Paris.

Eugène Penancier, était apparu au dernier moment, comme tant de Basséens au cours de l’Histoire ; comme eux il aurait voulu sauvegarder le meilleur et éviter le pire, et les difficultés qu’il rencontra ne furent pas son fait à lui, mais le fait de son temps.

La IIIè République arrivait à son terme.

En 1936, nommé Président de Cour à Chambéry, il quitta pour la première fois la Mairie de Bray, et ne se représenta jamais devant le corps électoral.

Cependant, la population lui conserva toujours une fidèle amitié, lui réservant une place d’honneur à chacune de ses fêtes et réunions.

D’autres que lui auraient pu éprouvé une certaine gène d’avoir eu à supporter les conséquences des erreurs de leurs prédécesseurs, mais il avait une personnalité bien affirmée et une fierté magnanime qui le posaient au-dessus des événements qu’il avait vécu, et dont d’ailleurs, il n’est nullement prouvé qu’il n’en ait pas souffert.

Au reste, il avait la réplique facile, et était doué d’un esprit enjoué dont l’humour, mêlé tantinet de malice, le faisait toujours écouter avec plaisir et recueillement.

Lors d’une des dernières cérémonies qu’il présida dans la Bassée, répondant à un discours d’usage, il déclara :

«  Et oui, on m’appelle ministre, eh bien, c’est tout ce qui le reste … »

Ces quelques mots laissent transparaître toute sa philosophie et son humilité.

Il mourut le 3 juillet 1955, et fut inhumé dans sa terre de Bray, en présence des autorités civiles et militaires, et des représentants de la population basséenne.