Le Déchirement
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Que faire de ce pays gênant qui n'est nulle part, fier de son Histoire et attaché à ses traditions? Il n'est, en effet, ni en Champagne, ni en Bourgogne, et surtout pas dans la Brie. Il faut le briser. La départementalisation a été particulièrement bien étudiée pour la dislocation du pays, et répond parfaitement à la devise diviser pour régner.

Talleyrand

Une partie, au sud, appelée les Pays-Hauts, constituée de colline, fut rattachée au département de l'Yonne: préfecture, Auxerre; sous préfecture et archevêché, Sens. La partie nord, correspondant à la vallée de la Seine, dénommées la Bassée, fut rattachée au département de Seine-et-Marne: préfecture, Melun; sous-préfecture, Provins; évêché, Meaux.

Bray-sur-Seine, de capitale, devient un simple chef-lieu de canton. les villages du sud furent rattachés aux cantons de Sergines et de Pont-sur-Yonne dans le département de l'Yonne. Les villages de la partie nord, furent rattachés aux cantons de Montereau et de Donnemarie-en-Montois dans le département de Seine-et-Marne. Probablement en vue d'un équilibre démographique et politique, on procéda à un mixage de populations en ajoutant au canton de Bray-sur-Seine les communes de Hermé, Gouaix, Everly, Chalmaison, Soisy-Bouy, et Fontaine-Fourches, étrangères aux coutumes locales.

De même, pour le canton de Donnemarie-en-Montois, on lui attribua les mairies de Dontilly, d'Egligny, et une partie de la marie des Ormes-sur-Voulzie, en complément des sept communes du Montois; pour faire bonne mesure, on y ajouta les communes de Coutençon et Montigny-Lencoup. Cette nouvelle répartition administrative de la région est devenue une source d'erreurs pour de nombreux historiens qui se basent généralement sur l'actuelle géographie des cantons, et méconnaissent les limites territoriales antérieures.

A ce point de notre étude, nous nous voyons dans l'obligation de faire un peu de lumière sur Donnemarie-en-Montois, implanté sur la rive gauche de la rivière l'Auxence qui, dans cette région, servait de frontières entre la baronnie de Bray et le royaume de france. La seigneurie de Mons, ancienne villa présumée d'origine gallo-romaine, fut bâtie au sommet de la colline, d'où son nom latin Mons, en français Mont.

Vers l'an 840, sur la fin de sa vie, l'impératrice Judith, épouse de Louis le Débonnaire, appelé aussi Louis le Pieux, à l'exemple de son mari et de Charlemagne qui avaient déjà fait de grandes générosités en faveur des établissements religieux, donna aux chanoines de Tours, à titre précaire, la villa de Mons avec sept églises.

Louis XVIII

La mot église, à cette époque, n'avait pas le sens qu'il a de nos jours. L'église, à l'origine, du latin comme du grec ecclesia, était l'ensemble des baptisés et des religieux d'une localité.

L'église primitive était organisée comme une sorte de famille; elle fut donc, d'abord une société. Lorsque l'empereur Constantin, vers l'an 323, déclara le Christianisme religion d'Etat, les communautés chrétiennes, ou églises, s'attribuèrent un certain nombre de fana (le fanum est synonyme de temple) et les utilisèrent, comme avant eux les païens, pour l'exercice de leur culte. Aller à l'église signifiait alors: aller à l'assemblée des chrétiens. Lorsque des édifices chrétiens furent construits, on continua d'aller à l'église et c'est ainsi que le nom passa à l'édifice.

Ainsi, dans cette donation de sept églises aux chanoines de Tours, nous  ne pensons pas qu'il s'agisse de bâtiments religieux, encore assez rares à l'époque, mais de sept hameaux ou villages peuplés de chrétiens.

Cette donation fut confirmée par des chartes des rois depuis Charles-le-Chauve jusqu'à Hugues Capet. Une ancienne copie d'une charte du 27 juin 919 porte la mention Monte Donna Maria.

Les chanoines de Tours avaient déjà sans doute, à cette époque, commencé l'édification d'une abbaye dédiée à la Vierge, et avec le temps, le hameau primitif dont le nom ne nous est pas parvenu, va prendre le nom de Donna Maria (donna en Italien signifiant dame). En outre, la copie évoquée peut aussi laisser supposer que toute la colline prit le nom de l'abbaye et devint le Mont de dame Marie. Quant à la villa de Mons, elle devint un puissant château-fort autour duquel se forma une agglomération que les guerres obligèrent à fortifier et à entourer de fossés. Le château devait être spacieux puisqu'en 1556 on y accueillit toute la cour de Charles IX.

De même, autour de l'abbaye la population se regroupe en une nouvelle cité qui fut également fortifiée. Pourtant, pendant longtemps, le siège administratif était, semble-t-il, resté à Mons où était le château du seigneur.

En complément du don originel, la seigneurie ecclésiastique fut érigée en baronnie, et un trésorier de Tours, en dignité, fut nommé avec titre de baron. Selon M. Maillé, le premier trésorier pourvu de ce titre serait un membre de la famille de Brion: Simon de Brion, prêtre, puis cardinal, et finalement élu pape le 22 février 1281 sous le nom de Martin IV.

Il n'est pas facile de déterminer l'époque à laquelle Mons donna son nom à sa région qui serait devenue la baronnie du Montois, comme la région de Provins prit le nom de Provinois, et ainsi de même pour de très nombreuses cités.

Lors de la départementalisation, Mons n'était plus qu'un village et Donnemarie était devenue une petite ville, et c'est sans doute la raison qui la fit désigner comme chef-lieu de canton.

Le résultat du déchirement de la baronnie de Bray-sur-Seine n'apporta aucune amélioration à la population, surtout en ce qui concerne la Bassée où l'on trouvait, sous l'ancien régime, en la bonne ville de Bray-sur-Seine, tous les services publics indispensables à tous les actes de la vie civile. Si on y conserva un tribunal dit de Justice de Paix, tous les autres services se trouvèrent répartis en des lieux divers et variés selon les facéties de personnages présumés responsables.

Ainsi, la Préfecture est Melun; la Sous-Préfecture, le Tribunal de Première Instance et le Tribunal de Commerce sont à Provins; l'évêché est à Meaux; la Cour d'Appel à Paris; le direction des Contributions directes a longtemps été à Nangis, puis à Provins; pour les Contributions indirectes c'est Provins et parfois Montereau; la Chambre d'Agriculture est à Meaux; la Chambre des Métiers à Montereau; le chambre de Commerce à Melun; pendant longtemps la subdivision des Ponts et Chaussées, l'Architecture, et le service des Monuments Historiques furent à Fontainebleau; le Service de la Navigation à Nogent-sur-Seine, la Région Militaire à Versailles; les Archives à Auxerre et à Melun, l'Académie est à ,Créteil; les Eaux-et-Forêts à Orléans. Evidemment, tout dépend de l'idée que l'on se fait du progrès.

Quant aux habitants des Pays-Hauts, il semble qu'ils soient mieux lotis, ils restent à proximité de sens où ils trouvent pratiquement tous les services qui leur sont nécessaires, seule la préfecture est à Auxerre avec les Archives, et quelques administrations régionales à Dijon.

Néanmoins, les Basséens ont conservé bien des habitudes avec Sens