Le Diable
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On a coutume de considêrer le régne de L.uis XIV comme une période de splendeur. Sans doute y avait-il les fastes de la cour et le cadre éblouissant de Versailles. Lorsque le 13 avril 1655, au Parlement en séance il déclara :" l'Etat c'est moi ",il voulait affirmer son autorité et sa primauté. Aujoud'hui,l'historien pourrait être tenté de mettre l'Etat en comparaison avec son état de santé assez peu brillant. 
En effet,entre sa variole de 1647 et sa gangrène sénile de 1715, sa vie ne fut qu'une longue suite de graves accidents de santé. Scarlatine , rougeole, variole et multiples dysenteries, acçès de goutte, rages de dents; rhumes, otites, fistale communiquant avec l'intestin, anthrax, etc .... Non vraiment, l'état de santé du Roi Soleil ne fut pas brillant. 
A l'avènement de Louis XV,l'état de l'Etat n'était pas brillant non plus, surtout en ce qui concerne les finances. 
Aussi,lorsque John Law vint proposer au duc d'Orléans,régent du royaume,un projet de redressement des finances, fut-il accueilli avec une certaine bienveillance,mais non sans prudence. Il obtint l'autorisation,à ses risgues, de réaliser son projet,et ainsi en 1716 il créa la Banque Générale. Chacun,nous n'en doutons pas,connait cette invraisemblable affaire des assignats qui consistait simplement à faire changer la masse monétaire de place sans pour autant en augmenter la valeur. Ce fut à la fois une erreur et une escroquerie qui se termina par l'agravation de la situation financière de l'Etat,la ruine de maints spéculateurs trop crédules,et la faillite de la Banque Générale Le Régne de Louis XV commençait mal. 
De plus,le roi d'ailleurs assez peu doué pour les affaires,mène une vie de débauche,et toute sa vie sera marquée par une succèssion d'intrigues amoureuses. Son mariage avec Marie Leczinska en 1725 ne changea pas son comportement. 
Complètant le tableau,la guerre de succèssion d'Autriche (1743-1748) suivie d'une suite de conflits jusqu'en 1774,causèrent des pertes énormes à l'armée et à la marine. Le ministre Choiseul malgré son savoir et sa bonne volonté ne put parvenir à redresser la situation après la perte des Indes et du Canada. Enfin,il y eut l'affaire des fermiers généraux,qui s'étaient constitué des fotunes colossales dans leurs fonctions de collecteurs d'impots. 
L'historien F.Dumas déclare :" Par ses débauches,par son égoïsme,par son inertie;il a porté le coup le plus funeste aux institutions monarchiques." 
Lorsque son petit-fils lui succède en 1774,il se trouve en présehce d'un royaume complètement délabré. Une tâche bien lourde pour Louis XVI qui n'a tout juste que 20 ans. 
Mais que se passait-il dans ce même temps dans la baronnie de Bray ? 
L'abbé Bobard nous en donne une idée: 
" la décomposition sociale qui s'étend de jour en jour sous la régence et bientôt sous le triste règne de Louis XV ne devait guère faVoriser les vocations et l'école de Jésus voit sa communauté réduite à huit religieuses. " 
Cependant,les chanoines de la Collégiale poursuivent l'embellissement de l'église,et notamment par l'aménagement du sanctuaire avec l'autel et la gloire datés de 1765. 
C'est vraisemblement aussi vers cette époque qu'il font reconstruire la Maison canoniale et qu'ils établissent la Salle capitulaire,utilisée maintenant comme sacristie. Il semble que ce soit vers 1775 qu'ils démolirent la chapelle absidiale pour construire à sa place la chapelle de la Vierge où ils placèrent la superbe statue de marbre blanc. A noter qu'ils avaient déjà démoli une autre chapelle de la carole pour construire la salle capitulaire. 
D'autre part,la Charité de Bray-sur-Seine était parvenue à se faire attribuer la chapelle Saint Antoine de l'ancien Hotel-Dieu,ainsi que la chapelle de la Maladrerie Saint Laurent. 
Par contre,nous l'avons signalé,l'Ecole de Jésus,des Bernardines se trouvait en grandes difficultés en raison du manque de vocations.Les soeurs professes faisant défaut l'établissement fut supprimé et ses biens dévolus à la Charité à partir de 1759, laquelle prit alors le nom de Charité des Pauvres. Les administrateurs de cette oeuvre, considérant les nouvelles charges décidèrent d'appeler des religieuses, et le dix décembre 1770, l'évêque de Toul consentit à fournir deux soeurs de charité de son diocèse,lesquelles semblent être arrivées vers le 11 juin 1771. 
Il apparait que l'une d'elles devait instruire les enfants en 1772,ainsi qu'en témoigne la fourniture de " deux ban pour lécol " (sic) 
En 1781 l'intendant de la généralité de Paris réclame à la ville de Bray une somme de 16 000 livres à payer en quatre annuités pour des réparations aux casernes de Melun. Monsieur Couterot,maire,proteste et démissionne. Il est remplacé en janvier 1782 par Monsieur Pierre Colmet,avocat au Parlement,qui lance une souscription publique et réunit les 4.000 livres de la première annuité; la population braytoise aurait voulu marquer ainsi son ardeur Pour la gloire de la nation et son amour pour le roi. 
C'est qu'en effet,les premières années du règne de Louis XVI avaient quelque peu réconcilié le peuple et la monarchie. 
Malgré une intelligence moyenne,c'est très sincèrement qu'il voulait le bien de ses sujets. Turgot avait supprimé les corvées qui ne pesaient que sur les paysans. Toutefois, les finances n'étaient pas encore équilibrées. De nombreuses réformes devaient être envisagées pour rétablir une situation stable, tant politique que financière. Pourtant l'heureuse guerre d'Amérique avait redonné un rayon de gloire à la vieille monarchie (1778-1783). Le traité de Versailles avait rendu à la France le Sénégal,Tobago,et Sainte-Lucie, et la diplomatie française avait repris une grande influence en Europe. Mais déjà.,en maints endroits,des agitateurs haranguaient le peuple. Des mouvements de foule se manifestaient çà et là. Des idées nouvelles se propageaient, des grOupements se formaient,des partis politiques prenaient corps. 
Malgré tout,les Etats Généraux du 17 juin 1789 s'ouvrent selon le rituel coutumier. Le Tiers-Etat qui a obtenu une représentation double,demande le vote par tête, qui en est la conséquence logique; sur le refus du roi il se proclame Assemblée Nationale et fait trois jours plus tard le fameux serment du Jeu de Paume. Quand le roi ordonne enfin la réunion des TroiS Ordres il est déjà trop tard,l'agitation est partout;à Paris comme en province. Le 14 juillet,c'est la prise de la Bastille. Dans la nuit du 4 aout,pour tenter de calmer les passions populaires,le baron de Bray fait voter l'abolition des privilèges et des droits féodaux. Puis; les 5 et 6 octobre,l'Assemblée élabore une Constitution. 
Les lois des 22 décembre 1789 et 8 janvier 1790 décident de la création des départements. La Révolution est en marche. Restructuration du royaume,démantelement de la Baronnie de Bray. Réforme des institutions, renversement des valeurs, éclosion de l'obscurantisme .... 
Le désordre devient général et complet; même l'hiver, particulièrement rigoureux en ce début de 1790, qui gèle la Seine et bloque les mariniers braytois,les empêchant de livrer à Paris le blé entreposé sous la halle. La famine qui sévit dans la capitale est cause de manifestations et d'émeutes,tandis que l'Assemblée légifère. Dans ses séances des 2 et 4 novembre 1789 elle avait décrété que les biens dits de main-morte feraient, retour à la nation; c'était la confiscation de toutes les propriétés ecclésiastiques. 
Le décret du 17 mars 1790 Décida de la vente des biens nationaux. 
La loi du 20 mars 1790 opéra la reprise des bien mobiliers du clergé et chargea les municipalités de les inventorier sans retard. 
Ainsi, dans chaque commune,la municipalité prit possession de tous les biens religieux. Les église devinrent des batiments communaux. Dans la baronnie de Bray comme ailleurs,les églises restèrent affectées à l'exercice du culte, mais les autres batiments furent vendus lors de la liquidation de biens nationaux. Toutefois,la municipalité de Bray réussit à s'attribuer l'école des Bernardines, l'hopital de la Charité, la chapelle Saint-Antoine (qui devint une écurie), et la maladrerie Saint-Laurent. La maison canoniale fut vendue. Les abbayes de la Pommeraie et de Preuilly furent rachetés par des particuliers.
Par décrets des 12 juillet et 2 aout 1790, l'Assemblée établissait la Constitution Civile du Clergé, assimilant les prêtres à des fonctionnaires d'Etat, devant â ce titre, prêter serment â la Constitution. 
Tous les prêtres ne se soumirent pas à cette obligation, le roi, d'ailleurs, avait refusé d'approuver ces décrets. 
Il en résultat que les prêtres "constitutionnels" avaient le droit de l'éxe.rcice du culte, alors que les prêtres dits "réfractaires" en étaient interdits. C'est vers cette époque que le Chapitre de Bray fut supprimé.
L'Assemblée Constituante tint sa dernière séance le 30 septembre 1791, et le 1er octobre suivant l'Assemblée Législative siègeait Pour la première fois. 
Au printemps 1792 c'est la guerre. Le 11 juillet la Patrie est déclarée en danger. Le 10 aout,c'est la chute de la royauté. Le 2 septembre 1792 ont lieu les élections pour la Convention, et le 22 septembre la République est proclamée. 
Le 21 janvier 1793 Louis XVI est éxécutée Le trône est vide. Qui le veut? Les candidats ne manquent pas. On procêdera par élimination. 
Le 6 avril: création du Comité de Salut Public. 
Le 2 juin: arrestation des Girondins. 
Le 24 juin Constitution de l'An 1. 
Le 17 septembre Loi des suspects ..... et enfin le 10 octobre: la Terreur. 
En 1794 Roberspierre élimine les hébertistes,puis les dantonistes, et déclenche la Grande Terreur, avant d'être à son tour éliminé par une coalition de modérés et de corrompus. Survient alors un réveil royaliste. Durant toutes ces périodes de Terreur,des suspects qui n'étaient pas passible de la guillotine pouvaient cependant être condamnés à l'éxil. 
On vit alors arriver à Bray-sur-Seine dame Sophie Hai11art, condamnée à l'exil en raison de ses sentiments religieux. Elle fut si bien accueilie que lorsqu'elle repartit après la tourmente,elle laissa en souvenir une petite châsse provenant de l'église des Minimes à Paris qu'elle avait soustraite à la profanation des révolutionnaires. Ce reliquaire est toujours visible dans l'église. 
Un autre personnage : Jacques Maquer, seigneur de Fontenay-sous-Bois, près de Paris, se trouvait aussi en éxil à Bray à cette même époque. 
Enfin,selon une tradition,une famille Chasseigne,également en éxil,serait à l'origine de la culture maraîchère de Mousseaux-les-Bray.
La présence de ces éxilés dans la baronnie de Bray à cette époque laisse supposer une situation territoriale quelque peu ambigüe. Bien que la création des départements et cantons ait déjà été éffective, il restait apparemment un doute quant au statut d'extéritorialité de ce fief; et qui plus est, situation donc admise par les gouvernants français du moment.