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Qui donc a dit : "l'homme est un animal religieux" ? Peu importe, le tait est que l'homme porte en lui par innéité la trace de Dieu.
La majorité des archéoloiues ont cru reconnaitre,au cours de leurs travaux de fouilles, des manifestations cultuelles remontant à la plus haute antiquité. Un philosophe va même insinuer que la négation
où le refus de Dieu sont déjà en soi des siines inconscients de la connaissance de Dieu.
En remontant dans la nuit des temps,on remarque deux aspects de la manifestation religieuse : le monothéisme et le polythéisme. A noter cependant que le polythéisme est presque toujours dominé par un super-dieu : Zeus , Jupiter etc ...
Le sentiment religieux (relation à Dieu) peut être agis par innéité ou par révélation. De la révélation, c'est le cas pour Abraham,
Cakya-Mouni,Moise,pour ne citer que les plus célèbres, découle le monothéisme. Les Israelites sont à l'origine de la religion monothéiste universelle,dite
catholique (du grec "katholikos" : universel)
L'innéité qui suscite un vague sentiment religieux conduit plus généralement au polythéisme,mais peut aussi préparer un terrain favorable au monothéisme.
Cependant,le polythéisme peut laisser des traces dans certains esprits et aboutir à des controverses dogmatiques,voire, à des hérésies et des schismes.
Or, l'univers,le monde,et l'homme en particulier,sont soumis à des antinomies. Exemples: la lumière et l'obscurité, la vérité et le mensonge,la chaleur et le froid,l'amour et la haine,
... etc ... etc.
Le sage s'attache à rechercher un juste milieu entre des extrèmes, des accomodements entre des situations
ou des idées qui s'opposent, en vue d'obtenir un "moyen terme", c'est-à-dire, un
équilibre. Le malheur est que l'équilibre ne peut être stable et qu'il y a toujours tendance à pencher du mauvais côté.
Le perfectionniste ,lui ,recherche l'absolu,bien que selon l'adaie,la perfection ne soit pas de ce monde.
Nous avons là l'origine de maints différents,dans tous les domaines, et notamment en ce qui concerne les questions religieuses.
Combien de fois,au cours des siècles, les prophètes ont-ils stigmatisé les
Hébreux leur rappelant la voie qu'ils devaient suivre. Ces mêmes Hébreux qui persécutent Jésus, le Messie qui leur était annoncé et qu'ils attendaient, pour conserver des priviléges déjà
dépassés.
Quant au christianisme propagé avec une rapidité étonnante,il connut à son tour maintes difficultés inhérentes à l'esprit instable et irrésolu des hommes.
Dès le IVème siècle,l'arianisme perturbe la chrétienté.
Mabomet,au cours d'un séjour en Syrie,à l'âge de treize ans,est initié au christianisme par le moine Bahira.Avec un enseignement élémentaire, il retourne en Arabie
où il cogite sur ce qui lui a été révélé. Quelques années plus tard il rédige le Coran,sous la dictée,prétend-il,de l'archange Gabriel.
En l'an 630,il s'empare de La Mecque, et c'est le début de l'expansion de l'Islam, une guerre qui n'a jamais
cessé depuis cette époque.
Au XIèmme siècle, le catharisme trouble à nouveau la chrétienté,notamment en Europe.
Pour lutter contre les déviations et les hérésies, l'Eglise,par le décret de Vérone de 1183 institue l'inquisition,qui sera établie dans presque toute la chrétienté à partir de 1232 jusqu'au
XVIIIème siècle.
Il y eut aussi le fameux schisme d'Orient en 1054 qui sépara les chrétiens en deux iroupes : les Ortodoxes et les Catholiques.
Puis le schisme d'Occident de 1378 à 1417 avec les papes de Rome et les antipapes d'Avignon.
Cependant la région de Bray,semble s'être maintenue à l'écart de toutes ces perturbations doctrinales. La religion catholique parait bien implantée dans toute la baronnie. Chaque village a son église,et de nombreuses communautés religieuses assurent les services les plus divers â la
population.
A Bray,le Chapitre assume les offices et l'entretien de l'église;et sans doute aussi l'enseignement. L'Hotel-Dieu Saint-Antoine assure les soins aux malades et l'aide
aux plus malheureuxs le couvent des Augustins rend aussi divers services,et la Maladrerie Saint-Laurent soigne encore quelques lépreux.
D'autres communautés sont aussi présentes dans de nombreux villages: SaintPierre à Jaulnes,Saint Pregts à Grisy, des prieurés à Bazoches,à Saint-Sauveur,à Plessis-Saint-Jean, à RoselIes près Balloy, et des monastères à Preuilly et à La Pommeraie. Notons en outre qu'en divers lieux,la chapelle du chateau fait office d'église paroissiale,comme c'est le cas à Noyen-sur-Seine,et probablement à Baby.
Dans l'ensemble de l'Europe occidentale l'influence de l'Eglise catholique s'est généra1isée,et la puissance du
clergé est devenue prépondérante. En 1492, le dernier bastion islamique,Grenade, a été repris par l'Espagne.
Par contre,la vie dépravée du roi d'Angleterre Henri VIII, dont les actes
odieux,adultères,divorces,assassinats ... ne peuvent être absouts, lui vaudront l'excommunication par le pape,ce
qui,finalement,provoquera le schisme anglican en 1534, et coupera l'Angleterre,non pas de la chrétienté, mais de la catholicité.
Dans ce même temps,parait un personnage qui va,lui aussi,provoquer de nouveaux bouleversements : Martin Luther.
Né vers 1483,Martin Lüther fit ses études à Magdebourg puis à Erfürt où il recut le grade de Maitre en
Philosophie.
Il fit un séjour à Rome de l'automne 1511 au printemps 1512.
Entré au couvent des Augustins d'Erfürt,il y reçu la prêtrise en 1517.
Sans doute plus philisophe que théologien il Il profite de la vente des indulgences
pour rompre avec l'Eglise dès 1517, et renie tous les principes de la religion catholique.Excommunié en 1520, il
élabore la Réforme qu'il prêche en Allemagne de 1522 à 1526. Bientôt, Zwingli à Strasbourg, Bucer à Zurich,puis Calvin à Genève,
propagent la nouvelle religion.
A partir de 1440,l'imprimerie que vient de mettre au point Gutenberg,permet une diffusion rapide de la nouvelle doctrine. Malgré l'anathème de l'Eglise, l'esprit de la Réforme pénètre partout et dans tous les milieux.
A Sens,dès 1522 un chanoine nommé Caroli,avait déjà introduit
"l'évangélisme", et en 1528 le cardinal Duprat,archevque de Sens,devançant le concile de Trente,avait réuni un concile provincial pour parer aux dangers qu'il prévoyait.
En 1544,Theodore de Bèze,résidant à Vezelay,signalait déjà des réunions de protestants à Sens.
En 1551,Etienne Denisot, de Plessis-Saint-Jean, s'était laissé séduire par la Réforme, arrété,il fut traduit devant le tribunal de Bray,et condamné à la peine de mort
pour avoir proféré des paroles hérétiques et blasphèmatoires. Le 6 septembre 1551,il dut,la torche à la main, faire amende honorable devant l'église Notre-Dame de Bray. Il fut ensuite pendu,son Corps
brulé,et ses cendres jetées au vent.
Cette même année,le cardinal Louis de Bourbon,"faisait devoir" à tous de prier pour la paix et union de l'Eglise.Une première persécution eut lieu en 1558 : un calviniste fut éxécuté et deux autres bannis, ce qui n'empêcha pas les réformés de se constituer en église et d'organiser leur culte hors les murs de Sens,dans une grange du faubourg Saint-Pregts.
Le 12 avril 1562,sous le prétexte d'injures envers les catholiques pendant une procession avant la messe de Saint Savinien ,un horrible massacre fut perpétré,et une centaine de personnes auraient été égorgées et trainées à la rivière. Semblables massacres de huguenots avaient eu lieu l'année précédente à Auxerre.
De tels coups auraient du être fatals à l'hérésie dans nos régions, mais le massacre de Wassy,cette année 1562,provoqua la révolte armée des
huguenots.
Les chefs calvinsites se fixèrent dans les diocèses de Sens et d'Auxerre et y introduisirent des guerres à buts politiques
où les rivalités et les ambitions des grands seigneurs se donnèrent libre cours au grand dam de la France. Ainsi, un différent doctrinal à l'origine, devenait-il une affaire politique, voire dynastique.
En 1567 le duc d'Albe,avec des forces espagnoles avait cotoyé la France à l'est pour gagner les Flandres où grondait la révolte. D'autre part,six mille suisses venaient
d'être enrolés par la France. Les protestants se persuadèrent que ces mouvements de troupes étaient le résultat d'un accord conclu entre l' Espagne et la France
pour anéantir la Réforme chez nous et aux Pays-Bas. En fait,ils se trompaient. Nous avions engagé les Suisses Pour garder nos frontières à l'est et au nord pendant les opérations du duc d'Albe; et durant qu'elles se poursuivaient,la cour,loin de se préparer à la lutte;se reposait insouciante au chateau de Montceaux près de Meaux,peu ou pas défendu. Elle ignora jusqu'au dernier moment les préparatifs de guerre des protestants,et lorsqu'ils parvinrent à sa connaissance,elle se refusa d'abord à y croire.
La concentration des troupes huguenottes s'effectua à Vallery.
Le prince de Condé avait obtenu cette terre d'une manière indigne, d'un homme,surtout d'un prince du sang. Sa femme était morte en 1564. Bien que défavorisé au point de vue physique,sa qualité de prince du sang,et de chef des réformés,ainsi que son esprit,le faisait rechercher en mariage par les dames de son parti. L'une d'elles crut pouvoir faire agréer sa main. Elle s'appelait Marguerite de Lustrac,et était veuve du maréchal de Saint-André, tué à la bataille de Dreux en 1562. Elle était immensément riche. Son mari avait fait bâtir un chateau dans le beau domaine de Vallery,à quelques dix kilomètres de la frontière sud de la baronnie de Bray,et avait entassé dans cette demeure,comme dans
d'autres, d'innomnrables objets de valeur. L'éclat de cette fortune tentait le prince de
Condé, mais outre qu'il trouvait la prétendante à sa main un peu mure, il était "enchainé" par une demoiselle d'honneur de la reine-mère, Isabeau de
Liménis, dont il avait ou allait avoir un enfant. Il hésitait. Pour le
décider, Marguerite commit l'imprudence, avant la signature de tout contrat, de lui faire cadeau de la terre et du chateau de Vallery. Condé s'empressa
d'accepter, mais une fois qu'il eut pris possession du domaine, il refusa la main de sa coreligionnaire
enflammée, laquelle dut, un peu plus tard, se résigner à une alliance moins illustre. A ce moment,d'ailleurs, Condé,rompant avec l'une et l'autre de ces femmes, s'était remarié avec Françoise
d'Orléans, soeur du duc de Longueville, marquise de Rothelin,dame de Blandy-lès-Melun. Et voila comment la famille des Condé obtint
Vallery, et comment il se fait que luimême et tous ses descendants reposent actuellement dans l'église de ce petit village.
Les huguenots avaient pour objectif de surprendre la cour à Montceaux et de s'emparer de la personne de Charles IX qu'ils obligeraient ensuite à souscrire à toutes leurs revendications et
exigences. Si Condé n'eut pas eu Vallery, la concentration huguelotte ne se serait pas
effectuée en ce point, la marche des révoltés se serait effectuée de toute autre façon,et notre contrée aurait probablement été épargnée.
L'armée des protestants,une fois en mouvement, se dirigea sur Montceaux à marche forcée. Le roi et sa cour furent sauvés de justesse grace au sang
froid, à l'esprit de décision, et à l'intrépidité de Jacques de Savoie,
baron de Bray, qui les ramena à Paris; encadrés par six mille Suisses,
talonnés par les troupes de Condé. La cour désormais en sureté dans la
capitale, les huguenots qui campaient dans la plaine de Saint-Denis en entreprirent le siège.
Le connétable de Montmorency,agé de près de quatre-vingts ans, fut chargé de les dissiper à l'aide des forces royales. La bataille de Saint-Denis fut un succès pour les royalistes
, mais le vieux connétable, qui chargeait comme un soldat en possession de ses moyens y laissa sa
vie. Les huguenots se retirèrent en direction de Lagny et de Montereau, soit de leur point de départ. Pourquoi?
parce qu'ils attendaient des renforts du duc des DeuxPonts, et qu'ils leur avaient probablement assigné cette ville comme point de ralliement; parce qu'il s'agissait
pour eux de protéger leurs arrières parce qu'enfin par ses ressources,la Brie leur permettait le ravitaillement de leur armée. Ils s'emparèrent donc de Montereau dont ils assurèrent la garde,
puis, comme par représailles à l'égard de Jacques de Savoie, ils pénétrèrent dans la baronnie de Bray, s'emparèrent de Misy, mirent Courlon qui leur résistait furieusement à feu et à sang, s'emparèrent de Bray-sur-Seine après un siège assez
court, et poursuivirent leur marche en direction de Sézanne en se livrant partout au
carnage, au brigandage et aux dévastations.
Pendant ce temps,une armée royale, chargée d'arréter cette insurrection , se concentrait à Larchant. Elle était placée sous le
commandement du duc d'Anjou, promu lieutenant-général. C'était la première campagne du futur Henri III
comme il n'avait que seize ans, il était assisté, cela va de soi, de compétences
militaires, parmi lesquelles Jacques de Savoie ,baron de Bray, François de
Kernevenoy, seigneur de Noyen-sur-Seine, et Artus de Cossé qui devait être fait maréchal cette année là.
L'abbé Hatton nous donne,de son côté,d'autres précisions:
" Les habitants de Provins élurent Monsieur de Lours,gentilhomme catholique demeurant à deux petites lieues,qui
accepta la charge et se rendit à Provins pour y faire le service du roi et des habitants,ayant pris pour son lieutenant Monsieur de la
Barge, de Moulin d'Ocle,homme bien catholique et religieux. Monsieur de Lours assembla une compagnie de trois cents hommes,partie de gens
d'église,partie d'artisans de villes et de villages. Ils furent nourris et payés au dépens de la ville et logés par bulletins dans les maisons des habitants. Mais ils étaient si mal nourris et équipés que les habitants n'en faisaient compte.
Sollicité d'envoyer du secours aux habitants de Bray assiégés par les huguenots, Monsieur de Lours leur envoya secours d'hommes et de poudre.
En attendant le départ de ce renfort, des messagers furent chargés de porter à Bray douze livres de poudre à canon. Ils emportèrent ces douze
livres jusqu'au-dit Bray,où elles leur fut enlevées par les huguenots qui avaient passé la rivière de Seine à
gué,pour garder et empécher le secours d'entrer dans la ville.
Cent arquebusiers de la compagnie de Monsieur de Lours furent dépéchés sous la conduite de Monsieur de la Barge,son lieutenant,pour mener la
nuit au-dit Bray,mais n'y entrèrent pas parce que,étant aux Ormes, ils apprirent que la ville s'était rendue aux ennemis.
Après la prise de Bray,le camp huguenot séjourna de dix-huit à vingt jours entre Sens,Nogent et Bray.
Les églises des villages de Courlon,Montigny-le-Guesdier,Villenauxe-laPetite,Passy,Noyen,et de plusieurs autres villages des environs furent brulées du feu qu'ils y mirent. Les églises de
Villiers-sur-Seine,Courceroy,La Motte-Tilly,Nogent-sur-Seine furent mises en cendres,comme aussi furent celles de Luisetaines,Paroy,Chalmaison,les Ormes, etc. Celles des villages de Gouaix,Hermé,Melz,Le Mériot,et autres des environs de
Provins ne furent brulées mais toutes saccagées,comme furent celles de Bray, Mouy, Saint-Sauveur, à qui le
brulement fut pardonné.
Vers le 10 ou 12 décembre (1567), le camp huguenot passa la rivière de Seine Pour se retirer en Brie. C'est pourquoi tous les villages du nord de la baronnie furent "remplies de cette vermine
huguenote (sic) pour garder le passage de Bray,servant d'avant-garde au prince de Condé qui était
logé dans cette ville."
Après avoir traversé la baronnie,la guerre fit le tour de la France,pour se terminer en 1570 par la paix de Saint-Germain.
Pour mémoire nous noterons en cette année 1567, la naissance à Serbonnes de Jacques
Clément,personnage tristement illustre dont nous aurons l'occasion de reparler un peu plus tard.
Le maréchal Artus de Cossé qui avait son camp à Moret, avait reçu l'ordre de renvoyer ses
troupes mais il n'en fit rien. Au lieu de ce faire, le maréchal fit tourner visage à la gendarmerie du dit-camp et à
l'artillerie, et les fit remonter amont. Ils repassèrent les rivières d'Yonne et de
Seine, tirèrent à Bray et les environs. Une autre partie tira à
Donnemarie, et la gendarmerie fut répandue par les villages depuis la ville de Sens jusqu'à
Nangis puis à petites journées, montèrent à tenir dix lieues de large jusqu'à Vertus et les environs,
séjournant de deux à quatre jours en certains lieux. Des gens de pied français étaient logés à
Melz-sur-Seinet, Chalmaison,Gouaix, Les Ormes. Le camp de Guise était à Hermé. Ce fut
l'espace de dix jours entiers avant que le pays fut nettoyé des voleurs et larrons qui allaient devant
ou suivaient le dit-camp, et qu'on n'osait poursuivre pour les empécher, tandis que les gens des villages s'étaient réfugiés dans les villes et les chateaux-forts avec leur bétail,n'osant retourner dans leurs maisons avant la disparition des bandes de
voleurs.
Nous ne pouvons passer sous silence un autre illustre personnage de cette époque,non seulement
pour ses qualités politiques,mais aussi pour ses liens avec la baronnie de Bray-sur-Seine: Michel de
L'Hospital.
Né à Aigueperse en 1507,il était le fils d'un médecin du connétable de
Bourbon. Il fit en Italie ses premières études de droit et devint vers 1540
conseiller au parlement de Paris. C'est sans doute aux relations qu'il noua dans la capitale qu'il eut l'heur d'épouser la fille du
marquis de Paroy.
En 1547,il fut chargé d'une mission au concile de Trente. La princesse
Marguerite, soeur de Henri II, le fit chef de son conseil et chancelier de Berry; il reçut
bientôt après la charge de maitre des requètes,puis celle de surintendant des
finances. En 1560 Catherine de Médicis lui confiait la lourde succèssion de François Olivier,chancelier de France. Serviteur d'un prince malade et sans
volonté, il aperçut clairement le danger que faisaient courir à la royauté les querelles religieuses exaspérées par l'ambition des Guises, et par la mauvaise administration du règne de Henri II. Aussi intègre que clairvoyant,
il eut pour unique souci de rétablir l'ordre public par d'utiles réformes et
d'enlever, aux protestants comme aux catholiques, autant par tolérance naturelle que par politique,tout prétexte à une guerre civile dont il sentait que
l'étranger, et en particulier Philippe II, roi d,Espagne, serait le premier à tirer
profit. Par l'édit de Romorantin de 1560 il accorda aux tribunaux des évêques la connaissance du crime d'hérésie,mais,par contre, refusa énergiquement d'autoriser en France l'établissement de l'Inquisition. Il rétablit l'équilibre du
budget par l'édit de janvier 1562,le culte protestant fut autorisé dans les campagnes.
La guerre engagée à la suite du massacre de Wassy, il chercha par tous les moyens à en atténuer les
violences. Il provoqua en 1563 la Pacification d'Amboise; en 1568, la paix de Lonjumeau; et
empêcha l'assassinat de Condé et de Coligny. Cette même année, il fut
disgracié et se retira dans son chateau
Bellebat. La Saint Barthélemy, le 24 aout 1572,qu'il avait prévue et à laquelle il n'échappa que par l'arrivée d'un détachement de soldats
en
voyés par la reine mère, lui porta le dernier coup; il mourut de chagrin quelques mois plus tard en 1573.
Suite au nouveau massacre la guerre éclata à nouveau. Le duc d'Anjou qui venait
d'être désiginé roi de Pologne partit Pour Varsovie. Le 30 mai 1574 le roi Charles IX mourait. Le duc d'Anjou est rappelé
pour succèder à son frère sous le nom de Henri III, mais la guerre civile se poursuivait,
entrecoupée de trèves de courtes durées. La mort du duc d'Alençon,en faisant le roi de Navarre héritier présomptif de la couronne compliqua
encore la situation. Henri de Guise, s'étant rendu maitre de Paris s'acheminait vers la royauté. Dans l'éspoir de rétablir la situation Henri III
convoqua les Etats Généraux à Blois, mais il fut déçu, les Etats réunis n'étaient qu'une assemblée ligueuse toute dévouée à Henri de Guise. Appelé dans le cabinet du roi ,Henri de Guise s'y rendit sans défiance ,quand il fut assassiné par les
"quarante cinq" ,garde particulière d'Henri III. C'était le 12 mai 1588. Le lendemain, son frère,le cardinal de
Guise,fut massacré dans sa prison. Et Catherine de Médicis se mourait dans son chateau de Blois.
La ligue nomma lieutenant général du royaume le duc de Mayenne. Henri III se jetta alors dans les bras de Henri de Navarre. Ils vinrent ensemble faire le
siège de Paris pour en chasser le duc de Mayenne. C'est là que Jacques
Clément que nous avons précédamment évoqué va entrer
en scène. Il a alors environ vingt deux ans,et moine dominicain.Considéré comme esprit faible,certains auteurs lui prètent des relations
incompatibles avec son état religieux avec certaines dames de la ligue. Le 1er Aout 1589, il se présente à Saint-Cloud au quartier général de Henri III, et muni de lettres de recommandation, il sollicite un entretien en
tête à tête avec
le roi. Dès qu'il fut en présence du souverain il se rua sur lui lui plantant un poignard dans le bas ventre. A l'appel du roi, les gardes survenus immédiatement tuèrent le meurtrier sur
place. Avant de mourir,Henri III avait éxigé que les seigneurs catholiques présents jurassent fidélité à son
cousin. Dans un premier temps, par la "déclaration du 4 aout", le nouveau roi Henri IV, s'engageait à maintenir la religion catholique et à garantir aux réformés le libre éxercice de leur
culte. Mais cette déclaration ne satisfaisait ni les uns ni les autres, et une partie de ses troupes
l'abandonnèrent. Henri IV était un roi sans royaume.
Avec ce qui lui restait d'effectifs, il leva le siège de Paris et se dirigea vers la Normandie.
Retranché sur les hauteurs d'Arques,il fut attaqué par Mayenne qui perdit la bataille.
Dès les premiers jours de mars 1590,Henri IV, après avoir soumis le Maine et la Normandie se tourna vers Paris Il y eut choc à Ivry avec l'armée de
Mayenne,le 14 mars au matin.On connait les péripéties de cette bataille qui fut une nouvelle victoire pour le Béarnais.
A la fin de mars,Henri IV se trouvait maitre de la vallée de la Seine, de Rouen jusqu'aux portes de la capitale.Il résolut alors de s'emparer des
villes de la haute Seine et d'empécher ainsi le ravitaillement de Paris qu'il voulait
assiéger sans plus de retard. Dans cette vue,il partit de Mantes le 28 mars
et, après avoir reçu la soumission de Corbeil, Lagny,Melun,Moret , Crécy et Provins,il entra le 15 avril à Montereau. Pont-sur-Yonne et Bray
sur-Seine capitulèrent dans le même temps.Il fit occuper les ponts et alla s'établir à Bray-sur-Seine le mardi 15
avril, décidé à y rester jusqu'à
Pâques "pour donner loisir à chacun de faire ses dévotions" de Bray,Henri IV envoya une trompette
sonner la ville de Sens de lui ouvrir ses portes. Il avait eu avis, affirme comte de
Bastard, que des démêlés s'étaient élevés entre les autorités sénonaises,et il voulait en profiter pour s'assurer de cette place sur la rivière d'Yonne.
Avant de faire une réponse définitive,les habitants de Sens demandèrent délai jusqu'au lundi de
Paques, 23 avril. Depuis 1584,époque où l'on assurait que les Valois s'éteindraient sans
postérité, Sens était une ville dont le zèle catholique ne s'était pas
démenti. La ligue y avait trouvé des partisans frénétiques dans toutes les classes de la société,et Jacques Harlay de
Champvallon,gouverneur pour Mayenne,éxitait à la résistance.Ancien amant de
Marguerite de Valois,Champvallon avait des raisons personnelles de s'opiniatrer.
La garnison,peu nombreuse,était commandée par des officiers résolus: le capitaine de la Motte-Coutelas,gouverneur d'Auxerre,le marquis
Malavicinis, l'italien Peloso. Les habitants avaient creusé des fossés,élevé le rempart de la porte Saint-Antoine,et construit deux
casemates.
Le 23 avril,le parlementaire royal fut renvoyé à Sens,mais les habitants refusèrent de se rendre.
Vingt quatre heures ne s'étaient pas écoulées que Champvallon avertissait le maréchal
d'Aumont, qui était au camp d'Henri IV, de son désir de l'entretenir. Les négociations
durèrent deux jours et aboutirent à un projet de capitulation préparé dans une assemblée présidée,le 26 avril,par
l'archevêque Nicolas Péllevé,et à laquelle avaient assisté le gouverneur de la ville et les capitaines des
compagnies d'hommes d'armes,l'archidiacre et le trésorier de l'église,le lieutenant
général,et le lieutenant particulier,l'avocat du roi,le maire,les échevins,les conseillers au baillaie,les
capitaines des quartiers et des marchands.
Les articles de cette capitulation servaient de courte-échelle à tous les dignitaires présents et amis absents de la
ville.
Henri IV reçut ce document à Bray le 27 avril.Il était porté par La MotteCoutelas,
accompagné du lieutenant particulier Delépine, et d'un échevin de Sens muni de pleins pouvoirs.
Le roi examina les conditions,sourit à plusieurs reprises,et renvoya les plénipotentiaires en leur promettant de passer par leur ville. Le maréchal
d'Aumont précéda d'un jour le monarque dont le projet était d'être à Sens le dimanche 29
avril. Mais le 28 au soir, Henri de Navarre fut averti que la populace de la ville,travaillée par les moines,s'était soulevée,et ne
voulait pas entendre parler de capitulation. Une lettre de Champvallon confirmait cette nouvelle. Le gouverneur,pour éviter la fureur du peuple,avait
du se retirer à l'archevêché.
Henri IV prit immédiatement la route de Sens et arriva dans les faubourgs avec son artillerie sur les quatres heures du soir. Les pièces,tout de suite
furent mises en batterie,mais pour donner aux habitants le temps de parlementer,on ne commença le feu que le lendemain à dix heures du matin. La ville était sur une forte défensive.Les
assiégés sans trop de mal,éssuyèrent les premières décharges,causant
eux-mêmes des pertes à l'énnemi.
Au dire des chroniqueurs,une compagnie de volontaires se fit surtout remarquer. Elle avait pris le nom de "Compagnie du Sabot",d'où les soldats
qui en faisaient partie,celui de "sabotiers" Henri IV demanda dit-on quels étaient ces intrépides défenseurs.
- Ce sont les sabotiers de Sens, repondit-on.
- Ventre Saint-Gris,fit le monarque,si ce sont là prouesses de sabotiers de cette ville,que ne doit-on pas attendre des autres corps de métiers.
A deux heures du soir,la brèche étant devenue praticable,le Béarnais envoya à l'assaut ses arquebusiers qui furent repoussés. Le narrateur royaliste du " Journal de ce qui s'est passé en l'armée du roy " , raconte de la façon suivante
l'attaque d'Henri IV
" ••• sa Majesté feist hier investir promptement la ville et logea son artillerie avec une diligence incroyable,tellement qu'en un
mesme jour,ils se trouvèrent investiz,battus et assaillys. Depuis cette
heure là,on ne s'aperçeut plus de rumeur ny division dans la ville parce que à sa Majesté
était en doubte de l'éstat du dedans et ne voulait pas laisser perdre en ceste ambiguité ses bons sujects qui avoient tenu son partt,sa Majesté envoya quelquez nombres
d'harquebusiers pour se loger sur la brèche qui n'étoit qu'une tour ouverte, et quelques pas de courtine,n'y ayant ésté tiré que deux cent coups de
canon, prou suffisans toutefois,si partye de ceulx de dedans eussent ésté en armes par luy,comme on l'avoit asseuré.
Les dits harquebusiers s'y logèrent et furent suyviyz de plusieurs, tant de la noblesse que des régimens pour y donner mais oultre ce qu'il apparut assez en la forme de leur défense,qu'ils n'étoient pas en division dans la ville,sa Majesté fut avertie,par une voye secrète qu'ils étoient bien d'accord,et
non sans occasion d'avoir oppinion
que la négociation,dès le commencement,n'avoit pas été sincère. "
Il semble en effet que ce ne fut que pour retarder la marche du roi sur
Paris que le gouverneur de Sens et les notables firent croire à leur intention de capituler.
Désabusé,Henri IV abandonnant la ville où il eut fallu soutenir un siège
en règle, quitta les faubourgs le 3 mai et se dirigea sur l'Ile de France.
Il est difficile de savoir quelles furent les pertes des ligueurs et des royalistes. Ceux-ci avouaient dix tués et douze
bléssés. Les ligueurs au contraire,affirmait un désastre complet des troupes
royales,mentionnant mille morts chez l'adversaire, et huit seulement chez
eux.
Ce qui est indiscutable, c'est que le Béarnais subit devant Sens un échec qui n'est avoué nulle
part. Le recueil des lettres missives est muet, car à la dépèche royale
du 28 avril 1590,datée de Bray-sur-Seine,succède brusquement celle de Beaugency, du 6 mai.
La lettre de Monsieur de La Guiche au duc de Nevers est moins circonspecte :
Monseigneur,
Ce porteur vous dira prou de nouvelles de cette armée et ce qui est réussy de l'entreprince du siège devant cette ville de Sens,lequel,à la vérité,le Roy n'avoit nullement l'intention, ne
voulu résoudres,jusques a ce que les menées des Srs de Champvallon et La Motte-Coutelas, avouées du général consentement des habitants et raportées à sa Majésté par deux de leurs
échevins,luy aient failly par la réVolte de la commune populace,luy persuadèrent et rendurent plus disposé en ce que l'on a creu que ledit Sr de Champvallon avoit été assiégé par la commune dans l'
évêché·, et qu'ils refusèrent l'entrée de la ville à La Motte-Coutelas qui revenait de devers M. le maréchal d'Aumont,pour traicter de la composition,tellement qu'il est icy
avecnous.
Sa Majesté arriva icy le dernier du mois passé avec son artillerie,sur les quatre heures du soir.Elle fut logée et mise en batterie,et preste à
éxécuter à la pointe du jour.du premier de ce mois,mais à cause qu'ils demandèrent à parlementer on ne commença à battre que sur les dix heures. La brèche fut aucunement raisonnable mais Pour la difficulté de dessente dans la ville et plus comme je croy de n'avoir bien entendu l'ordrè et la disposition de l'assault, ainsy que sa Majesté l'avoit commandé,il n'a réunny si heureusement qu'il devoit,et les autres affaires qui l'appellent ailleurs sont bien autrement
importans que la prise de Sens. Sa Majesté pour ne s'eslongner de Paris ny des moiens qui s'y offrent a remis la reprise
de ce siège pour quelque temps durant lequel,qui a duré trois jours, il ne nous est rien apparu de la faveur
qu'on attendoit de ceux qu'on estimoit serviteurs de sa Majesté dans la ville.
L'armée déloge demain matin,et alons droièt à Paris.
Le maréchal d'Aumont,huit jours plus tard,écrivait de son eSté, au duc de Nevers,à Nangis :
" ••• Sa Majesté,picquée de la longueur dont usoyent ceulx de Sens à leur réddition s'y achemina,plus en intention de les faire
haeter de conclure que de s'y opiniastrer,de façon qu'elle fut un peu battue. Mais mal assaillye,sa Majesté n'y ayant voulu faire perdre des hommes,ny du tems
davantage,ayant d'autres desseins en main, de plus grandes conséquence et utilité.
Il y eust quelques iens d'honneur qui aultre commandement,ainsi de gayeté de cueur donnoient avecq les gens de pied,dont y en a eu de
bléssez, mais on en espère la guérison; on tire droit à Paris. "
La soumission de Sens,privée de ses privilèges depuis 1591, n'eut lieu que le 16 avril 1594.
Mais Henri IV n'entra pas dans Paris cette année-là. Il savait que Paris ne se donnerait
qu'un "vrai roi" car lui-m&me déclara: "Paris vaut bien une messe ".
Le 25 juin 1593, dans la basilique de Saint-Denis, il abjura le calvinisme.
La même année il fut sacré roi dans la cathédrale de Chartres.
Le 22 mars 1594 Paris lui ouvrait ses portes.
Enfin,en 1598, l'Edit de Nantes mettait un point final aux guerres de religion.
La France allait pouvoir panser ses plaies,relever ses ruines,et travailler.
Le bon roi Henri et son fidèle ministre Sully pouvaient enfin oeuvrer utilement pour la grandeur du royaume et le mieux
être des populations.
La baronnie de Bray retrouvera la paix.
Mais revenons un instant à cette année 1590, avec une étude particulièrement interessante de François RICHARD concernant la situation politique de l'époque et le comportement du baron de Bray vis à vis du roi Henri IV.
Jacques de SAVOIE,prince de Génevois et du Faucigny,duc de Nemours et baron
de Bray,était mort à Annecy,siège de son apanage,en 1585. Il avait épousé en 1565 Anne d'Est,fille du duc de Ferrare et de Renée de
France (fille
elle-même de Louis XII) et veuve de François duc de Guise,assassiné en 1563,devant Orléans qu'il
assiègeait, par Poltrot de Méré. Lors de son rema
riage Anne d'Est était déjà mère de tous les Guise-Ligueurs.De son union avec Jacques de Savoie étaient nés deux fils qui seront,surtout
l'ainé
aussi fougueux ligueurs que leurs soeur et frères utérins.
C'est l'ainé de ces deux fils,Charles-Emmanuel de Savoie,né en 1567,mort en
1597, qui était en 1590, duc de Nemours et Baron de Bray.
Il se trouvait à Blois avec sa mère,certains de ses frères utérins et l'ainé des fils d'Henri le balafré,lorsque Henri III fit assassiné
ce dernier ainsi que le Cardinal de Guise.De même que sa mère et son neveu,il fut emprisonné,mais fin janvier
1589,il réussit à s'évader et à gagner Paris dans une randonnée folle.La capitale lui fit un accueil anthousiaste.On lui dicernait,à 23 ans,le titre de premier bourgeois de Paris.Avec son demifrère Mayenne,il combattra à Ivry, et sera peu après nommé Gouverneur de Paris.
Nest-il pas singulier de constater qu'au moment où le roi Henri IV,âgé
de 36 ans,et déjà muri par les combats,occupait avec son armée le siège
de la Baronnie de Bray-sur-Seine, et faisait (les travaux d'approche - à distance - Pour s'emparer de Paris,son objectif numéro un, le baron de Bray
âgé de 23 ans,seulement,commandait en chef dans cette capitale insurgée et avait à pourvoir à son ravitaillement et,le cas
échéant,à sa défense. Le jeune prince s'en acquitta très bien.
Quand Henri IV se fut emparé de la Haute-Seine et de l'Yonne,et eut coupé le ravitaillement de Paris à
l'ouest au sud et à l'est,il vint en effet assiéger Paris. Mais son Gouverneur ,Charles-Emmanuel ,
malgré un siège long, terrible,mémorable,refusa de lui livrer la ville,et
finalement,grace à l'approche du duc de Parme contre lequel se portat Henri IV, réussit à maintenir Paris pendant un certain temps encore au pouvoir de la
Ligue.

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