Guerres cent ans
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Depuis le mariage de Henri de Plantagenet avec Eléonore de Guyenne,répudiée par Louis VII,les rois d'Angleterre possédaient des fiefs en France,ce qui, à diverses reprises causa des difficultés entre les deux royaumes. 

Lorsque le dernier des Capétiens directs,Charles IV,mourut en 1328 sans hériter mâle,Edouard III ,du chef de sa mère Isabelle,fille de Philippe-le-Bel,reclama le trône de France. Philippe de Valois qui fut proclamé roi par les barons français était le neveu du roi défunt. Ce fut la cause originelle d'une guerre qui devait durer plus de cent ans. 

Mais il y eut d'autres causes profondes à ce conflit. 

La rapidité avec laquelle la monarchie capétienne avait étendu sa domination n'avait pas permis d'assimiler les grandes provinces réunies à la couronne. 

En outre,le royaume était désorganisé par le déclassement de la noblesse féodale dans les campagnes et celui du patriciat dans les villes. Les fiefs 
et seigneuries s'étaient constitués par l'union de vassaux avec leurs seigneurs, les villes avaient prospéré et grandi par l'union des artisans avec les négociants qui formaient le patriciat. 

Nobles et patriciens ne comprenaient plus les devoirs que leur "patronat" leur imposait,tout en prétendant continuer d'en accaparer les avantaies et 
les bénéfices. 

Il faut y joindre aussi les luttes de seigneurie à seigneurie,de ville à ville. Ainsi se perpétue la guerre. En quelque endroit qu'ils vinssent,les Anglais trouvaient une faction empressée à les soutenir contre la faction adverse. 

Durant une première période,les partisans de Philippe de Valois,après quelques succès sont écrasés à Crecy en 1346. Calais,après un siège héroïque,ouvre ses portes aux Anglais en 1347. 

En 1356,Jean II qui avait succèdé à Philippe de Valois,est fait prisonnier à Poitiers. La paix de Brétigny est signée en 1360. 

La seconde période correspond au règne de Charles V ; elle est marquée par des succès militaires dus à l'énergique clairvoyanee du nouveau roi et à l'épée de Duguesclin. Le roi et son connétable meurent la même année en 1380, et avec Charles VI s'ouvre une troisième période,la plus triste,la plus affreuse,surtout après l'assassinat du duc d'Orléans qui fut le point de départ d'une guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons. Il en 
résulta la défaite d'Azincourt en 1415, et le traité de Troyes de 1420. 

Le parti des Armagnacs rassemblait l'aristocratie,et le parti des Bourguignons groupait la plèbe de Paris et la puissante corporation des bouchers, Jean-sans-Peur,duc de Bourgogne était leur chef. 

On conçoit le désarroi général,bien favorable à l'invasion des Anglais,qui, soutenant tant les uns,tantôt les autres,parvenaient à occuper toutes les 
régions du royaume. C'est à cette époque que l'établissement hospitalier établi par l'Ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem fut détruit 
par les Anglais au cours d'une attaque contre Bray-sur-Seine. 

En 1415, Jean-sans-Peur était entré en négociation directe avec les Anglais.  

Vers le même temps la Maison d'Orléans s'unit à la Maison d'Armagnac,et le parti des Armagnacs ayant ainsi le Dauphin de son côté,devint le parti du roi et le parti français. 

En septembre 1419,Jean-sans-Peur était à Troyes avec les roi Charles VI et la reine Isabeau. Comprenant qu'il n'avait travaillé que pour le roi d'Angleterre qui jouait au plus fin avec lui, il cherchait à se réconcilier avec le Dauphin et à sceller l'union des Armagnacs et des Bourguignons ,pour ensemble,chasser les Anglais de France. C'est alors qu'il reçu la visite d'un chef du parti des Armagnacs,Tannegui-Duchatel,qui l'invita à une conférence avec le Dauphin à Montereau. 

S'étant mis en route,Jean-sans-Peur arriva à Bray-sur-Seine le 8 septembre. 
Il descendit au palais des ducs de Bourgogne,sis dans la grande rue,d'où il repartit le 10 septembre au matin pour se rendre à Montereau. Arrivé sur 
le pont d'Yonne,il fléchit le genou devant le Dauphin,mais au moment où il se relevait,Tannegui-Duchatel le tua d'un coup de hache. 

Ce meurtre n'était pas pour apaiser la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, et les Anglais surent en profiter une fois de plus. 

En 1420 les Anglais occupaient toute la ré~ion de Bray-sur-Seine. 

Mais bientot parait Jeanne d'Arc. En 1429 elle rencontre le Dauphin à Chinon, au mois de février. Le 29 avril elle entre à Orléans. Le 19 juin c'est 
l'écrasante défaite des Anglais à Patay. Puis commence un long voyage,par Auxerre que l'on contourne, Troyes, et enfin l'entrée à Reims le 16 juillet. Le lendemain, Charles VII est sacré roi. Pourtant Charles VI n'est pas mort, mais le Dauphin est considéré comme souverain par un grand nombre, malgré les trahisons, et c'est à lui de reconquérir son royaume.Il faut retourner sur la Loire et livrer de nouveaux combats aux Anglais. Partant de Reims, la troupe royale se dirigea en direction de Provins où elle arriva dans les premiers jours du mois d'aout. De là, on averti les Braytois que le roi passerait la Seine à Bray, où,  selon un récit de l'époque, il y avait un bon pont. Ce pont avait été construit sur pilotis à l'extrémité du faubourg Saint-Jean, en remplacement de celui de Jaulnes qui tombait en ruine. La localité la plus proche sur la rive droite était Moyseum, à l'emplacement de l'actuel Vieux Mouy; l'actuelle agglomération de Mouy n'éxistait pas encore. 
Le 4 aout, vers onze heures du matin, l'armée royale se présenta à proximité du pont. Mais il semblait que la ville était au pouvoir des Anglais. 
Les traitrises ne manquaient pas à cette époque,et certains de la suite du roi jouaient un double jeu. Peut-être que quelques troupes anglaises 
bien en vue avaient suffit à effrayer les Français, lequels ne voulurent point combattre. 

Selon une vieille Chronique, le roi adhérant aux conseils de sa compagnie, tourna tête vers le Montois. Jeanne d'Arc était d'avis de partir dans la 
direction de Paris et de reprendre cette ville aux Anglais. Malheureusement l'opération ne fut pas couronnée de succès,bien au contraire. Avec l'armée découragée,Jeanne d'Arc quitta Saint-Denis le 13 septembre , passa le pont de Bray le 16 , et le roi établit ses quartiers au palais( Jeanne d'Arc et les hauts dignitaires l'accompagnaient. On cite parmi eux les Ducs d'Alençon, de Bourbon, de Bar, et les comtes de Vendome et de Laval. 

Le 17 septembre au matin, après avoir assisté à la messe en la collégiale Notre-Dame, le Roi et Jeanne d'Arc quittent Bray et partirent en direction de Sens. 

Et puis ••• c'est l'année 1430 : Compiègne ••• le procès ••• et le bucher de Rouen. 

Mais dans ce même temps le sentiment national se manifeste,se deve1oppe, s'incarnant dans la sublime figure de Jeanne d'Arc. Les haines et les rivalités s'apaisent. En 1435 le traité d'Arras amène la réconciliation du roi et du duc de Bourgogne. Les victoires de Formigny (1451),de Castillon 
(1453),et la capitulation de Bordeaux la même année terminent la guerre de cent ans. Aucun traité n'est signé,mais les Anglais sont hors de France, 
ils ne conservent que Calais. 

Charles VII et son conseil composé de gens de la classe moyenne,créèrent les rouages d'une administration adaptée aux besoins nouveaux.L'armée est réformée,les institutions féodales sont vaincues.Un prodigieux travail législatif s'accomplit au moyen d'une multitude d'ordonnances sur les lois, 
la procédure,les impôts,les monnaies,le commerce.Une aristocratie nouvelle se forma,produite,dans les campagnes,par la petite noblesse rurale,et dans les villes,par les corps de métiers.L'union des classes devint féconde. La rapidité avec laquelle la France reprit corps et prospérité sembla 
aux étrangers tenir du prodige. C'est sans doute à la faveur de ce calme revenu que le Chapitre de Notre-Dame entreprit des travaux dans la collégiale de Bray-sur-Seine,et que l'on amorça un transept dans le choeur. C'est la fin du style ogival, et les bâtisseurs de l'époque n'avaient pas conscience de l'hérésie architecturale qu'ils allaient laisser en remplaçant deux hautes baies romanes par un grand arc gothique, dans un bâtiment,qui,après bien des viaissitudes ,conservera finalement un caractère typiquement roman.

Pour terminer cette chronique du quinzième siècle, nous devons reparler de ce fameux pont sur lequel Jeanne d'Arc avait passé la Seine. Il semble 
qu'en se retirant,les Anglo-Bourguignons l'aient quelque peu endommagé pour géner les mouvements éventuels des troupes françaises. Il fut remplacé par un bac. En 1498,les autorités braytoises (municipales ou baronnales) décidèrent de la construction d'un nouveau pont,mais non plus isolé et éventuellement indéfendable en cas de guerre, mais à proximité immédiate de la ville. Il fut donc établi à partir d'une poterne ouverte dans le milieu du mur nord des fortifications. Rejoingant la rive droite située à environ 200 mètres,(195toises) il était constitué de vingt-deux arches de pierre. 

Sa présence donna naissance à un hameau qui ,avec le temps,prit quelque importance et se développa au détriment de Moysy (anciennement Moyseum), selon un processus identique au développement de Bray au détriment de Jaulnes.