Les Romains
Accueil Remonter

 

Retour

        

 

Une alliance des Arvernes avec les Sequanes voisins des Eduens à l’Est, et brouillé avec eux au sujet de la possession des gués de la Saône, doublés d’une entente avec les Suèves d’Arioviste, porta un coup sensible à la puissance des Eduens. Vaincus dans plusieurs batailles, ils durent céder des terres, donner des otages, et en fin de compte, faire appel à Rome.

Pendant un temps très court, les Séquanes prirent la première place en Gaule, mais ils sont bientôt supplantés par les Germains qui franchissent le Rhin de plus en plus nombreux. Arioviste montre à plusieurs reprises, qu’il entend âgir en Gaule en conquèrant. Cette situation critique pour la Gaule est saisie par Jules César qui accueille favorablement une nouvelle requête eduenne, et c’est pourquoi, en 58 avant J-C, les légions romaines pénètrent jusque dans la plaine d’Alsace pour tailler en pièces les troupes d’Arioviste et les rejeter au-delà du Rhin. Mais Jules César était un ambitieux conquèrant, et cette opération de police lui servit de prétexte pour entrer dans la Celtique. La guerre des Gaules allait commencer.

Notre but n’est pas de retracer ici tous les détails de la conquête romaine que le lecteur peut suivre avec intérêt dans différents ouvrages, mais de rechercher les consèquences du contact des romains avec les Basséens, et les nouveaux apports qui en sont résultés.

On peut penser ce que neuf années de guerre et de résistance peuvent laisser de misères et de ruines, et lorsqu’en 51 la Gaule fut définitivement asservie, le premier travail des Romains fut d’aider les Gaulois à se remettre à l’ouvrage.

La civilisation romaine apportait quelques nouveautés. En urbanisme, par la construction d’habitation en pierre, par une nouvelle technique routière, des adductions d’eau dans les villes.

D’autre part, l’importation de la vigne allait donner une nouvelle production.

La remise en valeur et l’organisation d’un pays aussi vaste, de même que la nécessité de maintenir l’ordre au sein de population susceptibles d’agitations, imposaient en premier lieu la mise en service d’un réseau routier pratique facilitant des déplacements rapides.

Les chemins gaulois déjà relativement nombreux et bons, furent remis en état, tandis que les ancêtres des autoroutes étaient créées. Ces nouvelles routes, large, aussi droites  que possible, évitant les cotes par des passages en remblai et déblai, reliant entre elles presque toutes les villes.

La position géographique de la Bassée, ainsi peut-être que sa situation en bordure du pays Sénon, devaient lui valoir d’être traversée par une de ces « voies romaines ».

Notre voie romaine, dite voie Agrippa, parce qu’elle aurait été construite par ce général de César, est une partie du tronçon Agendicum (Sens),Latinum (Meaux), de la voie liant Lugdunum (Lyon) à Bononia (Boulogne sur Mar).

A propos d’Agendinum, sans vouloir remettre en question de savoir s’il s’agit de SENS ou de PROVINS, nous nous permettons cepedant d’ouvrir une parenthèse pour reproduire un extrait d’un document sorti des archives de Provins et relevé dans les lettres de Guy Patin par Jean Reusse : « et voicy ce qui se passa en 1615, à la requête du prévot de Provins :

Die sabathi 5 septembris 1615. Convocati aunt doctores de excubiarun delibarature item, uper libello supplice ad pracetorem urbis agendici, vulgo Provins, a pharmacopolarum custodinus perrac to….etc… »

Néanmoins, d’autres documents plus anciens et plus nombreux fixant nettement Agendicum à Sens, nous laisserons à cette ville tous ses droits sur la cité des Sénons. Au reste il importe assez peu pour notre étude qu’il s’agisse de l’une ou l’autre ville, et il est évident qu’il eut été plus intéressant pour nous qu’Agendicum fut situé en Bassée comme le pensait M.F. Richard.

En examinant la carte, on constate que la voie romaine en cause fait un crochet très net pour passer par Jaulnes.

Si nous traçons une ligne de Chateaubleau à Sens, nous nous apercevons qu’elle traverse la Seine au gué de Dagorneau. D’autre part, si nous faisons la même opération à partir des Ormes, où le crochet s’amorce, nous constatons que la ligne passe cette fois par Bray.

Une question se pose donc : pourquoi ce crochet ?

Nous ne pensons pas que l’on puisse faire état de la traversée du Montois où les difficultés sont sensiblement les mêmes par Savins que par Cessoy, cette solution d’ailleurs ne pourrait qu’éliminer Dagorneau, mais maintiendrait Bray dans sa position.

En fait, rien ne pourrait attirer les Romains à Dagorneau simple gué situé à mi-chemin de Gravon et Jaulnes, et rien ne les obligeait non plus à passer par Bray qui existait pas encore.

Il semble qu’en reliant les grandes villes, les constructeurs de ces routes, aient cherché à faciliter également les relations avec les localités de moindre importance. On a de plus maintes fois constater l’expansion subite de certaines cités grâce au passage d’une voie romaine.

On pourrait penser aussi qu’il aurait pu y avoir une hésitation dans le choix de Gravon ou de Jaulnes. En effet, la route vanant du nord, de Chailly à Chateaubleau, prolongée, viendrait droit sur Gravon.

Or ,nous connaissons l’ancienneté de ce village, dont le nom ancien : Kravedonus, indique selon Maurice Lecomte, une origine celte.

Mais si, en définitive, c’est Jaulnes qui fut choisi, bien que nous ne connaissons que peu de choses sur ses origines, c’est sans doute à cause de l’importance déjà acquises à ce moment, et peut-être encore, en raison d’installations portuaires d’une station batelière, qui toute primitives qu’elles fussent, étaient susceptibles de rendre des services en attendant de nouveaux aménagements.

Si Jaulnes donc, porte un nom d’origine latine, on peut cependant avancer que ce village existait avant l’arrivée des Romains, et il est regrettable que l’appellation celte ne soit pas parvenue jusqu’à nous.

Le peuple celte, au contact des romains et de leur civilisation, va évoluer rapidement grâce à ses qualités d’assimilation .

Mais il ne subira pas son vainqueur comme un peuple soumis, sa fierté raciale et son esprit d’indépendance vont lui permettre, non seulement d’acquèrir des droits, mais encore d’influencer les Romains.

Un nouveau monde se prépare, une nouvelle évolution, une nouvelle langue, tels seront les résultats apparents de cette nouvelle époque appelée gallo-romaine.

Il s’agit en fait moins d’une conquète que d’une association que d’une association. Sans doute, cela ne se fera pas en un jour, ni même en une année, mais le temps aidant, la réalisation n’en sera que plus profonde.

En divers points du territoire des troupes sont cantonnées, dont la présence doit maintenir l’ordre. On pourrait voir là l’origine d’Athis, dérivé d’Attigia, mot qui désigne des huttes de soldats. On retrouve d’ailleurs à Athis des vestiges qui semblent bien être les restes d’un groupe de catella romains.

Janua, nom primitif de Jaulnes, parait également avoir été daté d’un castellum.

Parallèlement à l’organisation de sécurité, la colonisation s’effectue.

Des Romains s’installent en Bassée. On a retrouvé de nombreux vestiges de villas romaines, en particulier le long de l’Orvin. Certains créent des domaines qui sont à l’origine de nombreuses localités.

Ainsi Nebrius fonde Nébriacus qui est devenu Neuvry, Pacius crée Paciasus (Passy), Avillius bâtit Avilliacus (Everly), Monttanus construit Montniacus (Montigny), Prullius crée Prulliacus (Preuilly),Avenius installe Aveniaque (Avigny). De même Villenauxe, dont l’origine Villonissa est l’œuvre de Villonius.

Marolles, de Matrioloe est de  Matrius. Egligny, dérivé de Agliniacus date également de la même époque.

C’est sans doute un peu après qu’apparaissent Moiseium, première ferme de Mouy, et Braium, nom primitif de Bray. Cependant , si Bray eut de l’époque romaine, il est probable qu’elle soit d’origine celte. Le celtiste  Bullet prétend que le nom de lieu « Bray », tient directement du celtique « brai », terre humide, grasse, fangeuse, marais.

       

Sur le mot « brai », le contact romain aurait fait braium, d’où le bas latin a formé braious, (a) (um) qui signifie boue.

Or, si nous examinons la carte de la région, nous nous apercevons que le chemin gaulois Condat-Kravedonum-Noviomagos, passe à un kilomètre au sud de Bray. On peut donc en déduire que cette cité n’existait pas au temps de l’indépendance gauloise.

D’autre part, si nous suivons la tracé de la digue érigée tout le long de la rive gauche de la Seine, soit par les Gaulois, soit par les premiers Romains, on constate encore que Bray se situe en avant de cette digue, en plein maris.

Faut-il en déduire qu’un grand nombre de Romains s’étant installés à Janua, la population indigène en aurait été réduite à se reloger dans le voisinage ? c’est possible. Or il ne faut pas oublier que les Gaulois de Janua étaient de bateliers, certains, sans doute aussi pêcheurs, et il serait donc normal qu’ils aient chercher à se réinstaller au bord de la Seine , à proximité de Janua, alors centre de commerce et de communication. Mais à, ces raisons déjà valables, on pourrait leur en prêter une autre, bien dans leur esprit : voulir reconstruire un port à eux, pour concurrencer  celui qu’ils se trouvaient contraints d’abandonner aux colonisateurs. Ceci expliquerait le développement relativement rapide de Bray et de son port, au détriment de Jaulnes dont les installations semblent avoir été abandonnées dès la chute de Rome.