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Le progrès rend nécessaire une organisation générale, et on assiste à un essai de constitution politique. Les peuples de la Gaule forment des nations qui sont : la Celtique au centre, la Belgique au nord, et l’Aquitaine au sud. Ces nations sont elles-mêmes divisées en petits états généralement républicains, mais quelquefois certains sont gouvernés par un roi. Les Tricasses habitent un de ces états qui s’étend sur une partie de ce qui est aujourd’hui la Champagne, et notamment limité à l’ouest par la Vanne et l’Yonne. La capitale est Tricasses, et la Bassée fait partie de cette nation. Mais le fait que les Basséens soient investi de la nationalité tricasse ne parait pas de prime abord alterer leur esprit indépendance. D’ailleurs, nous l’avons dit plus haut, les peuples celtes étaient plus épris de liberté que de nationalisme pur, et ce fut certainement là leur plus grand défaut devant l’histoire. Vers 115 avant J-C, tandis que l’on assiste en Gaule à une organisation bienfaisante mais précaire, un peuple barbare arrive de l’Est : les Cimbres, unis aux Teutons. Remontant la vallée du Danube, ils battent successivement les Taurisques et les Scandisques ; puis en 113, le consul romain Papirus Carbo qui osa les attaquer près de Nocia (Neumarkt) fut battu à son tour. Ayant fait alliance avec les Ambrens et les Tugirins , ilsdéferlent sur la Gaule, qui, selon F. Lot, fut, à l’exception de la Belgique, épouvantablement ravagée. Regroupés, ils descendent jusqu’à la Méditerranée où ils se heurtent aux romains jusqu’en 101, date à laquelle, ayant passé les Alpes, ils sont anéantis par Catulus et Marius. Bien que les Cimbres n’est fait que passer, il est probable qu’ils n’ont pas été sans créer quelques perturbations sur le sol Basséen, et nous voyons surtout, avec ces barbares, la première des grandes invasions en Gaule. Nous voici donc maintenant au premier siècle avant Jésus-Christ, et nous allons une dernière fois jeter un coup d’œil rapide sur la vie de ce peuple gaulois, et plus particulièrement sur celui de la Bassée. La proximité des Senons sur la rive gauche de l’Yonne, d’un tempérament que l’on dit belliqueux, non plus sans raison, ils auraient bien pu conquérir sur les Tricasses, quelques territoires de la rive droite de l’Yonne, dont les Senonais et la Bassée. Bien que rien d’absolument probant n’existe à ce sujet, le seul de la présence d’Agendicum (ou d’une partie) sur la rive droite, serait favorable à cette hypothèse. D’autre part LONGON qui se base sur des références assez sérieuses, inclus la Bassée au pagus senon en dressant la carte de la fédérationeduenne. Emile Thevenot, dans son « histoire des Gaulois » rapporte un état florissant général à cette époque. Depuis longtemps déjà, les aedificia, fermes primitives, mais actives, disséminées à travers les campagnes, mettent en valeur les terres peu à peu gagnées sur les forêts. On récolte le blé, et la pain gaulois est renommé à l’étranger, l’orge, qui sert à préparer la bière, boisson de grande consommation, du foin, car l’élevage est intensément pratiqué. Les cultivateurs celtes savent amander le sol pour le rendre plus fertile. En outre, si leurs faux sont assez semblables aux notre, les Gaulois, selon Pline, sont les inventeurs de la charrue et de la moissonneuse, et bien qu’ils ne soient pas buveurs de vin, c’est à eux cependant que l’on doit la fabrication des premiers tonneaux. Une puissante industrie leur permettait d’ailleurs des réalisations étonnantes. L’extraction des minerais donnait lieu à une intense activité, et les travaux de forge suivaient naturellement la cadence. L’archéologie nous a livré : planes de menuisiers, pinces de forgerons, anneaux, clefs, serpes, scies, limes, compas, gouges, poinçons, alènes, etc… La chasse et la pêche restent toujours à l’honneur et occupent les loisirs de nos ancêtres. Sans doute, les Basséens de la Gaule connaissaient-ils tout cela, mais c’est sur le plan commercial que nous allons les voir en pleine activité, et plus spécialement dans la corporation batelière. Diodore et Starbon nous précisent que l’organisation des transports sur le Rhône et la Seine, était parfaitement au point, et nous laissent à penser que les Gaulois avaient réaliser 2000 ans en avance, l’ancêtre de la compagnie H.P.L.M pour le transport des denrées à travers le pays. Les bâteaux circulent en effet sur le Rhône et la Saône jusqu’à Chalons, semble-t-il. Depuis ce port, en carrus ( ancêtre des « routiers ») ou en reda, plus rapide, on gagne par le route la vallée de la haute Seine où l’on retrouve le service batelier jusqu’à la mer. D’après des documents anciens, il apparait que les 900 kilomètres qui séparent les points extrêmes du pays pouvaient être parcourus en trente jours. Tous ces renseignements , donnent une idée de l’importance de l’activité et de l’organisation des derniers jours de l’indépendance gauloise, et laissent entrevoir le rôle qu’ont pu jouer les cités basséennes bâties sur les rives de la Seine.
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