|
Le 14 mai 1643, Louis XIII rendait son âme à Dieu. Sa veuve aspirait au pouvoir adsolu et les Rinces, répondant à ses désires, lui offrirent la régence. Mazarin, qui depuis quelques temps déjà se ménageait auprès d’elle, lui offrit un dévouement auquel Anne, toujours romanesque malgré son âge très mur, répondit bientôt par de l’amour. C’est de moins ce que rapporte Henri Martin. Le minorité de Louis XIV est une période de troubles constants. Divisions à la Cour, ambition de Condé, émeutes à Paris. Les agitations de la Fronde, parti parlementaire et bourgeois avaient obligé la Cour à divers déplacements, pour la plupart mentionnés dans les livres et manuels d’histoire de France. La Cour, le parti de la Fronde, le parti de Condé, le parlement, le peuple de Paris, tantôt unis, tantôt alliés, tantôt en opposition totale, faisaient vivrent à la France des heures sombres, et l’on peut s’étonner aujourd’hui quelles n’aient pas été plus funestres, car l’étranger s’agitait aux frontières. Le 18 janvier 1650, Mazarin faisait arrêté Condé. Ce fut le prétexte d’une nouvelle Fronde, nobiliaire, celle-ci , à la tête de laquelle on remarquait entre autres la Duchesse de Longueville. Cette nouvelle faction tenta de soulever la Normandie et la Bourgogne, provinces dont le Duc de Longueville avait le gouvernement. Ces troubles provinciaux obligèrent la Cour à se déplacer pour aller rétablir l’ordre en Bourgogne. Nous en trouvons la trace à la bibliothèque municipale de Sens dans une vieille chronique : « L’entrée de Louys quatorzième du nom, Roy de France et de Navarre en cette ville de Sens , le huitième jour de mars, le mardy entre 4 et 5 heures du soir, 1659 » Qui relate d’autre part « qu’il était en voyage lors des troubles qui étaient en Bourgogne ». Auxerre conserve également la trace de ce voyage, auquel prenaient part, la Reine Régente, le Duc d’Anjou, et le Cardinal Mazarin. L’ordre ayant été rétabli, la Cour s’avisa de rejoindre Paris en passant par Provins. Monsieur Claude Boisset, nous a aimablement extrait du « Journal du Président Le court » le passage suivant : « Le premier jour de may 1650, le Roy Louis 14, revenant de Bourgogne, passa à Provins accompagné de la Reine Régente, sa mère, de Monsieur le Duc d’Anjou, et du cardinal Mazarin . » Le maire Léon Gauthier, assisté des échevins de la ville, présenta les clefs et les présenta à ce jeune monarque, hors la porte de Changy. Le Président eut aussi l’honneur de saluer leurs majestés, proche de la fontaine Saint Ayoul, et Me Jean Le Court, premier Président leur fit une harangue. Le Cardinal ministre qui avait passé le premier, n’en voulut point mais remercia la ville avec protestation de services. Le Roi étant pressé de retourner à Paris ne fit pas de séjour à Provins, mais il alla coucher au château de Nangis ». Ce qui nous intéresse tout spécialement dans ce voyage, c’est qu’entre la Bourgogne et Provins, il y a la Bassée que la Cour dut nécessairement traverser. Si l’on ne trouve pas trace de ce passage à Bray, ville et pont situés sur la route la plus vraisemblablement suivie, c’est sans doute qu’il fut rapide et sans cérémonie. A cette époque, l’ambassadeur de France en Suisse était un Basséen : Jean de la Barde, né à Marolles-sur Seine vers 1600. Baron, puis marquis e Marolles, il était le premier commis aux affaires étrangères et conseiller d’Etat. Il avait pris part aux conférences d’Osnabrück où fut mis au point le 6 aout 1648, le premier des traités de Westphalie qui mettaient fin à la guerre de Trente ans. Il avait obtenu pour le France : la Haute et la Basse Alsace, Brisach, la préfecture de Haguenau, et la reconnaissance de la conquête des Trois évêchés. Complété en 1659 par le traité des Pyrénées, le traité de Westphalie a été le point de départ de diplomatie moderne jusqu’à la Révolution. Un autre personnage, peu connu, bien qu’éminent, mérite également d’être cité dans cette étude. Il s’agit de Hérome de Montholon, consiller du Roi, et maitre d’Hotel ordinaire de la Reine Régente. Il était seigneur de Parrouzeaux, et mourut le 29 décembre 1646. Il avait eu pour voisin un certain Abel de Villier, écuyer, qui était seigneur de Vimpelles, Chantecler, Faussard, et Villuy en pry en 1603. Signalons encore Etienne Lanson, avocat au parlement, décédé le 28 janvier 1700, et dont une épitaphe perpétue le souvenir dans l’église de Villiers-sur-Seine. La bassée s’illustre d’ailleurs d’une façon toute particulière sous le règne de Louis XIV, grâce à la descendance de Gabriel de la Vallée, gentilhomme ordinaire du Roy et chevalier de ses ordres. Il était ami de Malherbe, et lorsqu’il mourut centenaire en 1610, ce délicat poète lui composé une épitaphe gravée sur un marbre placé dans l’église d’Everly. Son arrière petite fille, Marie de La Vallée des fossés, marquise d’Everly, avait épousé Henri de Mesme, seigneur de Roissy-en-France et Grand Président au parlement de Paris. Henri de Mesme acheta le 10 juillet 1647 la baronnie de Bray-sur-Seine à la famille Savoie-Nemours et devint de se fait Baron de Bray. Il appartenait à une famille de parlementaire et de diplomates particulièrement brillants. C’était son grand-père, Henri de Mesme, qui en compagnie de Biron, avait en 1570, négocié avec les protestants le traité de Saint-Germain. Cette paix avait été alors qualifiée de boiteuse, parce que le premier était seigneur de Malassis et que le second boitait. Son frère, Claude e Mesme, comte d’Avaux, Conseiller d’Etat, fut ambassadeur à Venise, au Danemarck, en Suède et en Pologne. Il participa avec Jean de la Barde aux négociations d’Osnabrück et à celles de Munster (1595-1650). Son petit-fils, Jean-Antoine de Mesme, comte d’Aveux et Marquis de Givry, ambassadeur extraordinaire à Venise, fut plénipotentiaire au traité de Nimègue signé le 10 aout 1678. Il fut ensuite ambassadeur en Hollande, en Angleterre, et en Suède. (1649-1709) Citons encore : Jean-Jacques de Mesme, Conseiller au parlement en 1649, Maitre des requêtes en 1657, Conseiller d’Etat en 1670, Grand Prévot et Maitre des cérémonies des ordres du Roy, membre de l’académie française en 1676. Jean-Antoine de Mesme, comte d’Avaux, Premier Président au Parlement de Paris, membre de l’académie française en 1710. Henri de Mesme, Baron de Bray, avait une fille, Antoinette Louise qui épousa Louis Victor de Rochechouart, Comte de Vivonne, puis Duc de Mortemart, qui devient de ce fait héritier de la Baronnie de Bray (1667). Louis Victor de Rochechouart eut une carrière des plus brillantes. Général des galères en 1669, Gouverneur de Champagne en 1674, Maréchal en 1675, Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy. C’était un homme d’esprit, très gai, plaisant beaucoup à Louis XIV. Il était le fils de Gabriel de Rochechouart, Duc de Mortemart, favori de Louis XIII, Gentilhomme de la Chambre du Roy, Gouverneur de Paris et de l’Ile de France. Ses trois sœurs également célèbres par leur beauté et leur esprit, ont exercé une grande influence tant à la Cour que dans le monde littéraire de leur époque. L’ainée qui épousa le Marquis de Thianges, fut une grande dame de son temps, très admirée. Le seconde, Françoise, mariée à Louis de Pardaillon, Marquis de Montespan, était arrivé à la Cour presqu’en même temps que Melle de la Vallière. Très belle, avec des cheveux blonds et des yeux admirables, altière et orgueilleuse, spirituelle, surtout, dans la moquerie, elle fut d’abord attachée à la personne de la Reine. Mais elle ne tarda pas à attirer sur elle l’attention du Roi, et dès 1668 elle devint sa maitresse. De leur union naquirent : le Comte de Vexin, le Duc du Maine, Melle de Nantes, Melle de Tours, Melle de Blois, et le comte de Toulouse, tous légitimés. L’attitude de Monsieur le Marquis de Montespan portant, vêtu de noir, le deuil de son honneur, les remontrances de Bossuet, et peut-être aussi la fameuse affaire des Poisons, mirent un terme à cette liaison. Le Roi lui préféra Madame de Maintenon, veuve du poète Searon, qui avait été chargé d’élever tous ses bâtards. Le Reine étant décédée en 1683, le Roi épousa Madame de Maintenon en 1685 ou 1686, mais elle ne porta jamais le titre de Reine, bien qu’épouse légitime de Louis XIV. Cependant, Madame e Montespan, ne quitté définitivement la Cour qu’en 1687. Elle favorisa beaucoup les lettres à la Cours. Enfin, la troisième, Adélaïde, née en 1645, entra en religion et devint abbesse de Fontevrault. Comme ses deux sœurs, elle aimait la littérature, et traduisit avec Racine « Le Banquet » de Platon. Pour terminer ce chapitre, citons enfin la présence d’André Le Notre, dessinateur des jardins du Roy, venu spécialement pour exécuter le tracé du parc du château de Villeceaux. |