Naissance nation
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Dès 817, Louis le Pieux avait partagé l’Empire entre ses trois fils : Lothaire, Pépin et Louis, qu’il avait eu avec  Ermengarde. La naissance d’un quatrième : Charles, né d’une seconde femme, Judith, donna lieu à un nouveau partage au détriment des fils ainés. Ce fut alors une succession de luttes et de remaniement du partage. A la mort de Louis le Pieux tout fut remis en question.

Toutes possibilités diplomatiques ayant échouées la guerre devenait inévitable. Louis et Charles s’étant unis contre Lothaire, Pépin II, fils de Pépin 1er roi d’Aquitaine leur apporta son appui. La jonction des armées semble s’être effectuée dans la Bassée, peut-être pour des raisons de convergence de routes et c’est là que Lothaire les attaqué. Une terrible bataille eut lieu à Jaulnes et Lothaire fut battu.

Selon Pitheu , à cause d’une grande défaite de la noblesse de Champagne aux fosses de Jaulnes, près de Bray, il fut permis aux femmes nobles de se marier à roturiers avec le privilège au ventre d’anoblir. Par la suite de cette règle, il était d’usage, pour certains nobles, de prendre le nom de leur mère lorsque celui de leur père était obscur ou roturier.

Après la bataille, Pépin s’en retournait en Aquitaine quand Lothaire le surprit près de Fontenay-en-Puisaye au sud d’Auxerre, et l’attaque, pensant sans doute qu’il  serait plus facile de vaincre ses frères les uns après les autres ; mais Charles le suivait de près et cette seconde, le 25 juin 841 fut pour Lothaire plus terrible que la première.

L’année suivante, en 842, Charles et Louis se rencontrèrent à Strasbourg pour faire à nouveau alliance et se jurèrent assistance réciproque. Cet évènement est connu dans l’Histoire sous le nom du « serment de Strasbourg ». Ils engagèrent ensuite des pourparlers avec Lothaire qui aboutirent à une conférence qui eut lieu à Verdun ,  à l’issue de laquelle fut rédigé le fameux traité concernant le partage de l’Empire.

Lothaire eut les territoires au nord de la Meuse et à l’ouest du Rhin et la rive gauche de la Saône et du Rhône et toute l’Italie avec le titre d’empereur demeurant attaché à la possession de Rome. Cet ensemble fut appelé : La Lotharingie.

Louis reçut tous les territoires situés à la rive droite du Rhin, lesquels  formèrent le Germanie.

Charles obtint les territoires de l’ouest délimités par le Rhône, la Saône et la Meuse. Ce royaume fut dénommé : France.

Le traité de Verdun de 843 est le premier document historique sur lequel apparait le nom de France. C’est en somme l’authentique acte de naissance de la France.

En conclusion de ce traité, la région de Bray sur Seine était intégrée à la France. Et Charles, dit « le chauve » fut le premier vrai roi de France. Charles Le Chauve règne jusqu’à sa mort en 877, son fils Louis II, né en 846 lui succède mais pour peu de temps car lui-même meut en 879. Son fils ainé, Louis III devient roi, mais ne règne que trois ans, emporté par une maladie de langueur, et il est remplacé par son frère Carloman qui meurt à son tour en 884. Il reste Charles, fils posthume de Louis II trop jeune pour être choisi comme roi à une époque aussi trouble, les Grands appellent au trône Charles Le Gros, fils de Louis le Germanique qui, dès ce moment, parait avoir à peu près reconstitué l’empire de Charlemagne, bien que médiocre, mais peut-être un peu diplomate.

A cette même époque, les Wikings remonte ou Normands (north men :hommes du nord) étaient devenus une terrible calamité.

Le premier raid connu  des Wikings remonte au 8 juin 793 à Lindisfarme sur la côté est de l’Ecosse. A partir de 809 c’est l’Irlande qui est l’objet de leurs agressions. En 810, deux cents navires danois assaillent les côtes de la Frise. Charlemagne, malgré ses armées, et sa diplomatie n’a jamais pu maitriser le fléau normand. Son petit-fils se trouvait confronté aux mêmes problèmes et aux mêmes dangers.

En 855 les Wikings remontent la Seine et assiègent Paris. Pour avoir une idée de la force des Wikings, considérons que 200 drakkars transportant chacun environ 50 hommes bien armés et exercés, cela fait dix mille combattants. Dans l’attente de la capitulation de Paris, un groupe de drakkars remonte la Seine jusqu’à Troyes que les pirates pillent et incendient. Les drakkars chargés des richesses troyennes redescendent ensuite le cours de la Seine, traversant à nouveau toute la Bassée, apparemment sans s’y attarder et regagnent Paris où Charles III achète la retraite des pirates.

Exaspérés par la lâche conduite du roi, les Grands se soulèvent. En 887, Charles III est déposé et meurt peu après. Cette même année Eudes, comte de Paris, est porté sur le trône de France par les Grands.

Mais à mesure que le jeune Charles grandissait, le parti carolingien se reformé sous la direction de Foulques, archevêque de Reims. Celui-ci sacra roi le fils de Louis II en 893. Pendant cinq ans, Charles essaya vainement de disputer son trône à son rival. A son lit. A son lit de mort, en 898, Eudes recommanda à ses vassaux de se soumettre au carolingien et celui-ci fut alors reconnu de tous sans contestation.

Un vif mécontentement se fait jour parmi les Grands à partir de 920. Le chef des mécontents est le duc Robert, frère de Eudes, le roi défunt et ses partisans le font couronner à Reims en 922. Charles III attaque les rebelles près de Soissons en 923. Robert est tué dans l’action, mais Charles III vaincu doit prendre la fuite, pendant que ses sujets élisent pour roi le beau-frère de Robert, le duc de Bourgogne Raoul. Pau après, l’infortuné carolingien, attiré dans un guet-apens à Château-Thierry par le comte Herbert de Vermandois, fut traitement retenu prisonnier  et enfermé dans la tour de Péronne où il mourut. Sa femme, Odgive, s’était réfugiée en Angleterre avec son jeune fils, qui sera Louis IV, dit d’Outremer.

Rappelons enfin que Charles III mit fin à la piraterie des Wikings par le Traité de Saint-Clair-sur-Epte concédant à Rollon leur chef, la région qui est devenue la Normandie et qui fait Rollon duc de Normandie et vassal du roi de France en 911.

Charles III étant décédé, les Grands élisent pour roi le beau-frère de Robert, Raoul, duc de Bourgogne qui règne jusqu’à sa mort survenue en 936. A ce moment le duc Hugues-le-Grand qui n’ose pas prendre lui-même la couronne, rappelle Louis d’Outremer. Mais les intrigues de palais subsistent. Louis IV résiste à la coalition d’Hugues-le-Grand, d’Herbert II de Vermandois et de Guillaume de Normandie. Il enlève le concours d’Othon 1er , roi de  Germanie en épousant sa sœur et en renonçant à conquérir la Lorraine. Il semblerait que Louis IV ait été efficacement soutenu par Bouchard de Montmorency, son cousin germain et chef militaire renommé. C’est sans aucun doute en raison de ses services dévoués et de ses liens familiaux avec le roi, que celui-ci le gratifie de la baronnie de Bray créée tout spécialement pour lui. Probablement en raison des ruines non relevées de l’agglomération de Jaulnes qui ne s’était pas remis de la bataille de 841, Bouchard avait recherché un site propice à l’établissement de sa capitale. La situation de Brayum où de nombreux habitants de Jaulnes avaient trouvé refuge retint son attention.

Il est probable que dès sa prise de possession de son domaine il ait commencé la construction des fortifications, précautions indispensable en cette période particulièrement troublée. De même, homme reconnu pour sa grande piété, il a dû également commencer la construction de l’église. Soulignons qu’avec les moyens de l’époque, de tels chantiers pouvaient durer longtemps.

Au retour d’une visite de son oncle, le roi d’Angleterre Edret, vers 946 ou 947, il ramène le corps de St Pavace avec quelques moines de l’Abbaye de Persora, cadeau de son oncle, dans le but d’établir un monastère bénédictin sur ses terres. Dès son retour il jette son dévolu sur un espace en bordure de la Voulzie quelque peu à l’ouest du village de Moyseum (Le Vieux Mouy) et érige le monastère dédié à Saint Sauveur, origine du village qui porte aujourd’hui ce nom. Puis il recueille les restes de saint Paterne le long de la voie romaine à proximité de Sergines et les rapporte près de saint Pavace, dans son monastère. Une charte de Louis IV datée de 948 confirme ces faits.

Par la suite, toujours en réponse de service rendu, Louis IV lui accorde la Seigneurie de Montlhéry.

Il convient de rappeler que les limites diocésaines n’avaient pas changé depuis leur mise en place par l’administration romaine et qu’en outre elles correspondaient à l’aire d’occupation des populations d’origine. Le diocèse de Sens correspondait donc approximativement à l’ancien territoire des Senons. Mais par suite de la puissance de l’Eglise, l’évêque se trouvait être en quelque sorte le maître de son diocèse et c’est pourquoi il prit souvent le titre de comte.

Dès cette époque, de nombreuses paroisses étaient dotées d’une église, mais la plupart, pour ne pas dire toutes, ont été par la suite modifiées et agrandies selon les besoins des populations et les styles successifs. Louis IV meurt en 954, son fils Lothaire lui succède.

Né à Laon, la capitale de l’époque, il n’avait que treize ans à son accession au trône et fut immédiatement sacré à Reims, grâce à l’énergie de sa mère et à l’appui de son oncle Othon 1er . Mais ce fut en réalité l’archevêque de Cologne, Brunon, qui gouverna pendant neuf ans. Parvenu enfin au pouvoir il reprit le rêve de son grand-père : la conquête de la Lorraine. Dans un but dissuasif, Othon II envoya des troupes commandées par Boson faire une incursion en Champagne. C’est ainsi qu’en 978, les armées germaniques pénétrèrent sur le territoire de la baronnie de Bray mirent la ville à sac et incendièrent l’église. Lothaire, avec l’aide de Hugues Capet et de Bouchard de Montmorency, repoussa l’ennemi et fini par s’emparer de la Lorraine lorsqu’il mourut en 986, laissant la couronne à son fils Louis V, qui mourut un an plus tard dans un accident de chasse, il n’avait que vingt ans et ne laissait pas d’héritier.

Hugues Capet, en raison de ses antécédents personnels et familiaux se trouvait tout désigné pour prendre la couronne de France. Né vers 938 il avait survécu à de nombreux combats et à maintes intrigues. L’appui de la féodalité ecclésiastique fut déterminant et décide de son accession au Trône, fondant une nouvelle dynastie. Le dernier des carolingiens était mort, le premier capétien était roi. Pour la France c’était un peu comme une seconde naissance.

Dans ce même temps, Bouchard commence à relever son église après le désastre de 978, et poursuit les travaux de fortifications de la ville en prévision de futures attaques éventuelles. Toutefois, certains auteurs prétendent que les murs existaient déjà dès 957, ce dont nous doutons, étant donné la facilité apparente avec laquelle Boson a pu s’emparer de la cité.

En 958 Bouchard avait pris le soin de se faire confirmer la possession de sa baronnie par le roi Lothaire et dans le document authentique, il convient de remarquer l’intervention de Hilderame, archevêque de Sens, pour attester que la dite baronnie est bien une terre d’Eglise.

Bouchard s’éteint vers 985. Nous n’avons trouvé nulle trace de son tombeau qui aurait pu être dans l’église de Bray, dans le monastère de Saint Sauveur, voire à Montlhéry ou à Montmorency ou encore à Ecouen. Dans l’église de Bray, qui peut-être n’était pas finie de restaurer à ce moment, de nombreuses dalles funéraires ont été déplacées et retaillées lors de travaux divers au cours des siècles ; le monastère de Saint Sauveur a subi aussi bien des dommages.

Son fils Thibaut lui succède.

Hugues Capet meurt en 996, son fils Robert II monte sur le trône de France.

Le premier millénaire se meurt…

Un souffle de crainte, voire de terreur, se propage sur le monde chrétien. Obsession de l’An Mille, appréhension de la fin du monde.

Le temps de la pénitence et le temps du pardon….l’Eglise reçoit de nombreux dons…

Mais revenons à l’abbaye du Saint Sauveur évoqué dans la chartre du 10 décembre 958 et érigée selon le vœu de Bouchard 1er.

Nous avons relaté l’incursion de Boson dans la Baronnie de Bray en 978 et les ravages qu’il y effectua, notamment sur les bâtiments religieux. Les historiens, à notre connaissance, n’ont jamais su faire la distinction entre l’église de Bray et le monastère de Saint Sauveur, et dans leurs notes, il n’est toujours question que de l’incendie de l’église de Bray. Or il semble bien que le monastère du Saint Sauveur ait été, lui aussi, saccagé par les troupes de Boson. Nous en avons pour preuve le comportement de Renaut, Comte de Sens, appelé au secours des Braytois qui remporta à Sens les corps de saint Pavace et de saint Paterne, lesquels furent par la suite réclamés et ramenés à l’abbaye du Saint Sauveur, probablement après reconstruction, au moins en partie, de l’édifice où ils furent déposés dans une unique sépulture.

Par la suite, le monastère fut progressivement agrandi et embelli à l’initiative de ses supérieurs successifs parmi lesquels nous remarquerons en 1461 prieur Louis de Blanchefort, filleul du roi Louis XI.

Nommé en 1463 Prieur de l’abbaye bénédictine de Ferrière-en-Gatinais, il en devient Abbé en 1465 et procéda à divers embellissement de son monastère. Il mourut en 1505 et fut inhumé dans son église où son tombeau y est visible.

Concernant plus précisemment l’Abbaye du Saint Sauveur, nous avons trouvé un dessin de Claude de Chastillon, qui, né à Chalons-sur-Marne en 1547, et connu comme ingénieur, fut nommé en 1589 topographe du roi Henri IV. Il a laissé plus de trois cents vues de châteaux, de villes, de batailles, et de monuments dont l’abbaye du Saint Sauveur. Il mourut en 1616.

Jusqu’à maintenant tous les historiens qui ont vu cette gravure y ont vu l’église de Bray-sur-Seine et personne n’y a reconnu l’Abbaye du Saint Sauveur. Il est vrai que pour un néophyte, le titre :  « BRAI ABBAIE SUR SEINE », peut prêter à confusion. Il convient en effet de considérer BRAI, non seulement comme la cité mais également comme le territoire qui dépend et l’expression trouvée dans le document : « braciae san salvador » semble le confirmer.

Claude de Chastillon n’a pas dessiné la Seine, mais la Voulzie et les collines évoquant bien la proximité des falaises des falaises de l’Ile de France. Quant à l’église près de laquelle se blotissent quelques habitations qui deviendront un village, elle n’a absolument aucun rapport avec la collégiale de Bray à cette même époque, laquelle a toujours conservé l’essentiel de son caractère roman d’origine, alors que l’Abbaye du Saint Sauveur a visiblement subit les influences du gothique et sans doute de la Renaissance.

Au temps de la révolution française, comme tous les édifices religieux de la région, l’Abbaye du Saint Sauveur subit les assauts des nouveaux vandales.

Seul, le « château », habitation du Prieur et de ses moines fut épargné et il a conservé en grande partie, jusqu’à nos jours, l’aspect du dessin de Chastillon.

Un autre prieuré, mais de religieuses, qui existait aussi un peu plus à l’est, en bordure de Voulzie, a subit le même sort.

Après la tourmente révolutionnaire ces établissements religieux ne furent par restaurés.

En 1836, en utilisant les matériaux récupérables, les habitants du village de Saint Sauveur, construisirent l’église actuelle.

Nous savons que les stalles du chœur proviennent de l’ancienne abbaye, ainsi que quelles dalles funéraires, mais nous n’avons pas trouvé trace du souvenir des saints Pavace et Paterne, ni de Bouchard 1er qui selon l’usage de son temps, aurait dû être inhumé dans l’église qu’il avait fondée.