un empire a autre
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Si Aetius fut le dernier défenseur de l’Empire romain, on peut considérer Syagrius comme le dernier romain ayant quelque autorité en Gaule. Patrice romain, il avait réussi a conserver un territoire entre la Somme et la Loire et avait même repris une partie des conquêtes de Childéric 1er, roi des Francs. Ayant établi sa capitale à Soissons, il se déclare roi en 464. La région de Bray se trouvait intégrée au royaume de Syagrius.

A cette époque, la Gaule, aux mains des derniers envahisseurs ne présentait plus aucune unité. L’Empire était profondément divisé, et lorsqu’en 476 Odoacre accéda au pouvoir, il ne daigna même pas prendre le titre d’empereur.

Clovis, successeur de Childéric à la tête des Francs, qui avait a venger son père des agissements de Syagrius, pouvait compter sur l’impossibilité où se trouvait Rome d’envoyer du secours au dernier de ses représentants. Il n’hésita donc pas à attaquer Syagrius et à s’emparer de son royaume, anéantissant ainsi les derniers gallo-romains. Ainsi en l’an 484 Syagrius fut battu et tué par Clovis à Soissons et la région de Bray fut incorporée au royaume des Francs.

Puis, en 496, il se tourna contre les Burgondes qu’il défit et enfin en 507, il pénétra chez les Wisigoths dont la défaite lui permit de rétablir l’unité de la Gaule sous son unique autorité.

Sa conversion au catholicisme en 496 fut en outre un facteur décisif au rassemblement des populations autour de sa personne. C’est vraisemblablement vers cette époque que se situe le martyre de St Lyé à Jaulnes.

Lyé serait un nom d’origine celte signifiant « joyeux ». Plusieurs localités portent ce nom ou un dérivé. L’Histoire religieuse donne l’impression que plusieurs personnes aient porté ce nom ce qui pourrait avoir provoqué quelques confusions de la part de certains auteurs. Selon Lecotté, « la légende de St Lyé ne serait qu’un canton de lieux communs hagiographiques ». Lyé aurait été disciple de St Avit qui était évêque de Vienne (Isère) mort en 525. Dans « Iconographie de l’art chrétien » page 808, on lit : « le Christ lui apparait. Il est poursuivi par des ruffians, découvert dans le tronc d’un orme où il s’était caché et enfin décapité devant une église dont la porte s’ouvrit toute seule quand il se présenta en portant sa tête dans ses mains » . Il appartient à la cohorte des céphalophores . Ses reliques sont conservées à Pithiviers où il est fêté le 5 novembre.

Notre légende locale de Saint Lyé diffère quelque peu de ses renseignements, et c’est ce qui nous fait supposer que plusieurs personnes sont concernés par les événements plus ou moins similaires.

Lyé aurait été diacre à Savins et des ruffians du lieu auraient eu l’intention de lui faire subir des outrages. Il s’enfuit en suivant la voie romaine en direction de Sens. Mais sa fuite est découverte et les ruffians le poursuivent. Parvenu à proximité de Jaulnes, à bout de souffle, il grimpe dans un arbre pour se cacher et se reposer. Mais ses poursuivants le repèrent, abattent l’arbre, s’emparent de Lyé, peut-être déjà blessé dans sa chute et le tuent.

Il semble qu’une chapelle dédiée à Saint Lyé ait été édifiée au levant de Jaulnes, à l »emplacement du nouveau lotissement, où l’on a découvert de nombreux sarcophages et autres sépultures attestent de l’existence d’un très ancien cimetière en ce lieu.

Toujours à Jaulnes, il y avait jadis un pèlerinage où Saint Lyé était invoqué pour le guérison les enfants « liés », c'est-à-dire retardés, noués, chétifs. Il existe encore actuellement un autel dédié à Saint Lyé dans l’église de Jaulnes. Un autre pèlerinage aurait également lieu à Savins où il était invoqué pour le guérison des maux de tête. A Provins, il était le patron des tisserands et était censé guérir les rhumatismes.

Il existe une châsse historiée à Saint Lyé (Aube).

Nous notons pour mémoire, qu’il y eut un autre Saint Lyé, moine de l’Orléanais au VI ème siècle.

A la mort de Clovis en 511, ses fils se partagèrent le royaume, le divisant pour former : le royaume de Paris, pour Childebert 1er, le royaume d’Orléans pour Clodomir, le royaume de Soissons pour Clotaire 1er  et le royaume de Metz pour Thierry 1er . La région de Bray est intégrée au royaume de Paris. Clotaire 1er héritant de ses frères en 524, 534 et 558 se reconstitua le royaume franc de son père. Mais sa mort en 561 le domaine royal fut à nouveau divisé entre ses quatre fils. Le royaume de Paris pour Caribert, le royaume d’Orléans et Bourgogne pour Gontran, le royaume de Soissons devenu Neustrie ou royaume de l’Ouest pour Childéric 1er et le royaume de Metz ou Austrasie ou royaume de l’Est pour Sigebert dont le fils Childebert II décédé en 596 laissera la Neustrie à Théodebert II son fils ainé.

A la mort de Caribert en 567, Chilpéric 1er rattache le royaume de Paris à la Neustrie.

Chilpéric  1er  meurt en 584 et ses fils Clotaire II hérite du royaume de Neustrie, puis en 593 au décès de Gontran il hérite du royaume d’Orléans et de Bourgogne. Ayant inclus le royaume d’Orléans à la Neustrie, il cède en 596 la Bourgogne à son cousin Thierry II fils de Childebert II. La région de Bray devient alors Bourguignonne.

En 612, Clotaire II hérite de l’Austrasie puis en 613 de la Bourgogne, il meurt en 628 et son fils Dagobert 1er réunit l’Austrasie et la Neustrie. Il réside à Paris et Pépin est maire du palais à Metz.

Dagobert 1er meurt en 638 et le royaume est à nouveau divisé. La Neustrie et Paris pour Clovis IV et l’Austrasie et Metz pour Sigebert II. La région de Bray est en Neustrie.

Clovis IV meurt en 638, son fils Clotaire III hérite de la Neustrie, et le cadet Childéric II de l’Austrasie en 660, dont le fils Dagobert II régnera de 673 à 679 ; après lui les maires du palais administreront l’Austrasie.

Dans le même temps en Neustrie il y aura les règnes de : Thierry III (670-691), Clovis III (691-695), Childebert III (697-711), Dagobert III (711-715), Chilpéric II (715-721), Clotaire IV (717-719), Thierry IV (723-741), Childéric III (741-752).

Les derniers rois mérovingiens arrivant au pouvoir dès l’enfance, s’amollissaient dans les plaisirs et devenaient les fameux « rois fainéants », tandis que se fortifiait en face d’eux le pouvoir des maires du palais. Après 687, la famille des Pépin a fondé la puissance au-dessus des rois de Neustrie et elle est véritablement maîtresse de l’empire franc. Le dernier des mérovingiens Childéric III entrera au cloître tandis que Pépin le Bref accepté par les grands et appelé par les vœux du clergé, recevra, en 754, la couronne royale des mains du pape Etienne II.

Durant toute la période mérovingienne, on constate que l’implantation de l’Eglise est totalement réalisée, non seulement dans les royaumes francs  mais pratiquement dans tout l’occident, sauf dans la péninsule ibérique où l’Islam a réussi à se fixer.

Les saints : Eloi, Ouen, Boniface, pour ne citer que les plus connus, sont des personnes éminentes et influentes des cours royales.

Dans les principales localités, des églises et quelques monastères ont été bâtis mais bien peu sont parvenus à notre temps car ils ont, en général, étés démolis et reconstruits au cours des ans. Nous citerons en exemple, le monastère Saint Maurice implanté à l’extrémité de la Bassée à Condat, entre la Seine et l’Yonne : Monasteriolum sancti Mauricii, dont la contraction « Monstetiolum » a donné Montereau.

De nouveaux domaines ont été créés dont certains sont à l’origine des agglomérations actuelles.

Durant cette période, sur les hauteurs, aux limites de la Bassée, on peut noter l’apparition d’ouvrages d’ordre plus ou moins défensifs ou selon certains pour mettre les populations en sécurité en temps de guerre. Il est toutefois possible que ces refuges aient commencé à être implantés vers la fin des grandes invasions. Ce sont des plessis, qui ont laissé leur nom à quelques villages : Plessis Saint Jean, Plessis du Mée, etc…

Signalons aussi des localités qui doivent leur nom aux derniers gallo-romains.

CASTANETUM                                                                                                 CHATENAY SUR SEINE

OLMETUM                                                                                                        LES ORMES SUR VOULZIE

CAMPUS PETROSUS                                                                                      CHAMPERREUX

VINGITI POPULI                                                                                                             VIMPELLES

MONS LEONIS                                                                                                 MONT-LEON

VERNOIALUM                                                                                                  VERNOY

…. Et aux premiers romains :

FONS FURCIA                                                                                                  FONTAINE-FOURCHES

VALAORIUM                                                                                                    BALLOY

BASOCHIAM                                                                                                    BAZOCHES-LES-BRAY

TUMBA                                                                                                              LA TOMBE

ABLENAI                                                                                                            BLUNAY

ERMETUM                                                                                                         HERME

BRAIUM               (BRAIUS en gallo-romain)                                          BRAY-SUR-SEINE

Au début du VI ème siècle, Saint Benoit fonde un monastère sur le Mont Cassin. Ce monastère essaime bientôt sur toute l’Europe et c’est probablement un petit monastère bénédictin qui s’implante à Jaulnes vers la fin de ce VI ème siècle. Pour l’histoire, signalons que Saint Benoit décéda le 21 mars 543, et que selon son désir, il fut inhumé près de sa sœur jumelle décédée le 10 février précédent. Les corps conservés d’abord au Mont Cassin, furent transférés en 653 au monastère de FLEURY, qui prit alors le nom de SAINT BENOIT SUR LOIRE . ces faits attestent bien de l’intensité de la foi chrétienne en occident et plus spécialement dans l’ancienne Gaule.

Un certain Paterne n’ayant pas trouvé à Paris ( ou ailleurs) une règle monastique assez austère à son gré vint se présenter au monastère Saint Pierre de Jaulnes où il vécut quelques temps. Puis, dans l’espoir de trouver plus de sévérité, quitte Jaulnes  et par la voie romaine se rendit à Sens où il séjourna au monastère Saint Pierre du Vif. Cependant il trouva que la vie monastique à Sens était trop relachée et décida finalement de retourner à Saint Pierre de Jaulnes. Il reprit la voie romaine, marchant vers le nord, quand à la hauteur de Sergines il fut massacré par des brigands. Son cadavre fut découvert par des habitants de Sergines fut inhumé sur le bord de la route et les serginois y édifièrent un petit monument. Ces faits se passaient en 726. Saint Paterne, mort martur est fêté le 12 novembre.

Il semble que ce soit au cours de cette période mérovingienne que les cités les plus importantes aient abandonné leur nom romain pour reprendre, soit leur nom celtique, soit un nom évoquant leur origine. Ainsi Augustobona devint Troyes, ville des Tricasses. Ceci pourrait démontrer que les populations de toutes origines immigrées avaient été assimilées par les souches celtiques. De même , Sens est la cité des Sénons.

Enfin c’est sans doute la raison de la grande influence du clergé, tant à la cour qu’auprès des populations que maints évêques prirent le titre de Comte comme à Sens par exemple.

Mais revenons à Pépin le Bref, chef de la nouvelle dynastie qui règne sur le royaume franc. Sa vie est remplie de rudes combats contre les Wisigoths d’Aquitaine et les Sarassins de Provence. Il meurt en 768, laissant deux fils qu’il avait eu de Bertrande, fille du comte de Laon : Carolus (Charles) et Carloman. Pépin, dans le partage qu’il avait conçu, s’était efforcé de mettre les deux parts l’une dans l’autre pour amener ses fils à pratiquer une étroite coopération. De la Thuringe et de l’Austrasie la plus oriental à la façade maritime de l’Aquitaine en passant par la Frise et l’ouest de la Neustrie , la part de Charles formait un demi cercle autour de celle de son frère cadet : Carloman qui avait une petite partie de la Neustrie, l’intérieur de l’Aquitaine, un morceau de l’Austrasie, l’Alsace, la Bourgogne, la Provence et la Septimanie. La région de Bray était à Carloman.

Le 4 décembre 771, Carloman meurt et Charles s’empresse de prendre possession de l’héritage. Dès l’année suivante en  772 il commence la guerre contre les Saxons ; une guerre qui durera des années, mais il sera finalement vainqueur. En 774,il devient roi de Lombardie. Charles est maitre d’une grande partie de l’Europe, mais fait étrange, cet immense Etat n’a point de capitale. Le roi selon son humeur, ou les circonstances séjourne en divers lieux, tient ses assemblées au gré des circonstances du moment. Ce n’est qu’à partir de 794 que Charles fait de Aix sa résidence habituelle. Six ans plus tard, le 25 décembre de l’an 800, il est à Rome où le Pape Léon III le couronne empereur d’Occident. Il régne sur un territoire d’où des siècles plus tard, sortiront la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, la Belgique, la Hollande, le Luxembourg, l’Autriche. Sa force, c’est sa puissante armée. Sa faiblesse, c’est la diversité de sa population cependant unie par le christianisme que Charmes s’évertue à propager dans son empire. Protecteur de l’Eglise il bénéficie en retour du soutien d’un clergé lettré et prudent. Bien que le « roman » soit parlé dans l’entourage des grands, chaque région utilisait la langue locale qui pouvait évoluer avec le temps. Le latin restait la langue conventionnelle des lettrés de toute l’Europe.

L’empereur Charles la Grand,( notre Charlemagne) s’éteint à Aix la Chapelle le 27 janvier 814.

Dans un souci d’ordre et d’unification, Charles avait décidé d’imposer le même système monétaire dans tous es états : la livre divisée en vingt sous et le sou en douze deniers. Offa de Murcie, l’un des rois de Grande Bretagne, qui entretenait avec lui des relations épistolaires, adopta cette réforme et l’Angleterre resta fidèle à ce système jusqu’en 1970.

En France, alors que le denier avait été abandonné en raison de l’inflation, (déjà !!) la livre rebaptisée « franc » valait encore vingt sous pour beaucoup de gens jusqu’aux environ de 1930, bien qu’égal à cent centimes.

En vue de faciliter les transports par voie d’eau, Charles avait projeté d’établir une jonction entre la Mer du Nord et Baltique vers la Mer Noire au moyen d’un canal reliant l’Elbe au Danube. Ebauché sous son règne, les travaux ont été enfin terminés en …1994.

Des deux côtés du Rhin, Karl der Gross ou Charlemagne, reste toujours très présent dans la mémoire des populations. A Aix les visiteurs se pressent dans la célèbre et à Germigny des Près, les touristes ne manquent pas pour admirer la petite église construite sous l’impulsion de l’évêque Théodulf proche conseiller du monarque.

Charlemagne fut enseveli le jour même de sa mort. Le sarcophage fut descendu dans un caveau creusé sous le pavement de la chapelle. Lorsque son fils ainé, Louis d’Aquitaine arriva un mois plus tard, il fit élever un monument sur le tombeau de son père.

 Louis d’aquitaine, plus connu dans les manuels d’histoire sous le nom de Louis le Pieux et Louis le Débonnaire, seul fils légitime de Charles encore en vie à cette époque héritait de l’Empire.

Il n’était pas inintelligent, mais il n’avait pas la stature ni l’autorité de son père. On doit lui reconnaître le mérite d’avoir tenté de poser les bases de la pérennité de l’Empire en affirmant la primauté du principe unitaire sur les partages successoraux maintenus.

Mais lui-même ne sut se tenir aux règles qu’il avait édictées, ses fils se révoltèrent, lui firent la guerre, puis guerroyèrent entre eux. Quand Louis le Pieux mourut en 840, l4empire devait mourir avec lui.