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La nouvelle forme de gouvernement de la France a pris dans l’histoire le nom de Directoire ? Succédant à la Convention son premier travail aurait du consister à rétablir le calme et l’ordre, la confiance et la paix. Ce nouveau gouvernement n’était qu’un nom nouveau pour l’histoire de la révolution française, les hommes, pour la plupart, restaient en place, et quant au reste, rien ne changeait pour le peuple. Après quatre années de succès suivis de revers, le Directoire fit place le 10 novembre 1799 à une nouvelle formule : le Consulat, où le général Bonaparte, Premier Consul, allait préparer son trône d’empereur. La révolution avait cependant apporté du neuf dans la Bassée, au moins en géographie. La création des départements avait certes, en maints endroits posé des problèmes complexes. En ce qui concerne la Bassée, région champenoise, il eut été logique de l’attacher au département de l’Aube, mais la logique la logique n’a jamais été le fort des politiciens, et ceux d’alors cherchaient d’abord à diviser la France pour mieux dominer. La formation du département de l’Yonne au nord de l’ancienne province de Bourgogne, aurait pu, à la rigueur, comprendre la Bassée. La solution choisie fut de réunir la Brie française et la Brie champenoise, d’y ajouter le Gatinais, et d’incorporer les Basséens à ce département de Seine-et-Marne, au risque de les faire passer pour des Briards. La structure des cantons qui coupent la Bassée et la séparent administrativement parachève ce joli travail. Le canton de Bray-sur-Seine, ne correspond pas à la région géographique appelée la Bassée, ni à l’ancienne Baronnie. De toutes façons, le pays a été amoindri par les réformes révolutionnaires et par les institutions républicaines. Qu’est-ce en effet que la Bassée ? Une vallée qui s’étale entre deux chaines de collines, dont l’axe est la Seine et dont le centre est Bray. Les noms de nombreuses localités de la région sont imprégnés de ces deux facteurs principaux :Melz-sur-Seine, Noyen-sur-Seine, Grisy-sur-Seine, Bray-sur-Seine, Chatenay-sur-Seine, Marolles-sur-Seine, Mouy-sur-Seine, Villiers-sur-Seine , Peugny-les-Bray, sans oublier Passy-sur-Seine, et Mousseaux-lès-Bray, Bazoches-les-Bray, Saint-Sauveur-les-Bray, et autrefois, Coutures-les-Bray, Egligny-sur-Seine, Athis-sur-Seine. Tous ces villages qui géographiquement font partie d’un même pays, sont répartis sur deux départements et cinq cantons. On ne pouvait guère faire mieux pour la Révolution, ni pire pour la Bassée. Sacré Empereur le 2 décembre 1804, Napoléon réorganisa d’administration de la France. Son travail commencé alors qu’il était Premier Consul, fut poursuivi méthodiquement, et l’ordre et la prospérité furent rétablis. Malheureusement, l’Empire prenait une succession difficile, et l’étranger n’était pas mieux disposé pour l’Empereur qu’il ne l’avait été pour la Révolution. Dix années de guerres couvrirent la France de gloire, mais aussi hélas, dedeuils et de soufrances. Au début de 1814, l’Europe coalisée contre l’Empire pénétrait en France. Une fois de plus la Bassée devait servir de théâtre aux évènements et s’illustrer de nouvelles pages d’histoire. Je laisse à Louis Roubault le soin de relater cet épisode de la vie basséenne. « Deux armées ennemies marchaient sur Paris : l’une forte de 160.000 hommes environ, commandée par Schwarzenberg, suivait la vallée de la Seine, et l’autre qui comprenanit 60.000 hommes, sous les ordres de Blücher, suivant la vallée de la Marne. Napoléon se jette sur celui-ci et, en cinq jours, lui inflige quatre échecs. Mais Schwarzenberg continuait sa route et, le 12 février 1814, il arrivait à Bray, qui n’était défendu que par quelques gardes nationaux. Le pont avait été coupé ; le général de Wrede, un des lieutenants de Schwarzenberg, le rétablit et passa la Seine. Puis il envoya des troupes du côté de Saint-Sauveur pour inquiéter le maréchal Oudinot, et deux régiments de cavalerie du côté d’Everly, pour garder la route de Provins. Il n’est pas dans notre intention de donner la description des divers combats qui eurent lieu dans les environs : à Nangis, Cutrelles, Luisetaines, Paroy, etc. Disons seulement que notre petite ville subit le contact de l’ennemi jusqu’au 19 février. Ce jour là arriva à Bray la nouvelle de la bataille de Montereau, et les quelques bataillons wurtembergeois ou autrichiens qui étaient restés ici ou à Mouy, s’enfuirent précipitament. Le lendemain, Napoléon, remontant la Seine, était à Bray. Il descendit à l’Hotel du Cheval Blanc, où il occupa , parait-il une chambre dans laquelle l’Empereur d’Autriche avait couché la veille. Nous croyons qu’il y a là une erreur manifeste, et que le personnage qui l’avait précédé était, non l’Empereur François II, mais plus simplement le général de Wrede. D’après L. Rogeron, dans un ouvrage « Les Cosaques en Champagne et en Brie », l’Empereur Alexandre de Russie avait occupé la même chambre trois jours auparavant. ( certaines personnes affirment tenir de vieux Braytois disparus, que Napoléon aurait logé non au Cheval Blanc, mais la maison particulière, située Place de la Convention Nationale, et appartenant à la famille Perrin. Nous n’insisterons pas davantage sur ce point). Après déjeuner, Napoléon accompagné de deux ou trois officiers prit la rue aux vaches ( aujourd’hui rue de Madame Roaland), suivit le quai Saint-Nicolas, à gauche, et arriva au pont, qu’il examina longuement. Quelques jours après, Napoléon abdiquait à Fontainebleau. Bray avait été occupée une seconde fois par l’ennemi dans le courant du mois de mars ». |