Second Empire
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Le retour d’un Bonaparte au pouvoir devait supporter quelques nouveaux éléments historiques pour la Bassée.

Il est d’abord curieux de constater que le règne de Napoléon III a coïncidé avec une évocation de Napoléon 1er en la personne d’un rival de cœur : le Comte de Bombelles.

Charles René de Bombelles, né à Versailles (d’après son épitaphe) ou à Paris en 1785, (d’après le Larousse), descendait d’une antique et illustre famille famille d’origine portugaise établie en France, puis en Autriche.

Distingué et intelligent, il s’était acquis la confiance de François 1er empereur d’Autriche, qui le fit Maître des Cérémonies de la Cour de Vienne.

Il avait épousé en premières noces, Caroline Sabine Victorine de Ponlharies, comtesse de Cavanas (ou Carnevagh), et d’après les rares renseignements que nous avons pu recueillir, il semble que les époux connurent un amour idéal.

Mais héla, ce bonheur fut de courte durée, car la jeune Comtesse mourut à Vienne en 1819.

Selon la tradition, Caroline avait fait promettre au Comte, en gage de fidélité, de conserver son cœur dans un médaillon qu’il portait sur lui.

Charles de Bombelles tint sa promesse, jusqu’au jour où, embarrassé sans doute, il déposa sa précieuse relique dans l’église d’Ancy-le-Franc.

Le Comte de Bombelles était alors propriétaire du domaine de l’Isle, sur le territoire de Grisy-sur-Seine. L’avait-il acquis de ses deniers, ou par suite d’héritage ? Ce domaine faisait-il partie des biens de la Comtesses ? Autant d’énigme que nous n’avons pu résoudre faute de documents.

Un certain nombre de légendes entourent d’ailleurs la présence de la Bombelles à Grisy.

On raconte entre autre, que le Comte de Bombelles a financé la construction de l’église de cette paroisse, ce qui semble faux parce que nous avons trouvé dans les archives municipales de cette commune plusieurs mémoires d’entrepreneurs réglés par les soins du Conseil Municipal. Par contre, d’après son épitaphe , il parait certain que la chapelle côté sud, a bien été batie à ses frais. Sans doute fit-il encore d’autres dons à l’église, à la paroisse, voire même, à la commune, ce qui justifierait, outre sa célébrité, qu’une rue du village porte son nom.

Quoiqu’il en soit, c’est vers 1850 que se fixe la date de construction de cette église, et ce n’est donc qu’après l’achèvement des travaux, c'est-à-dire vers la fin de sa vie, que Charles de Bombelles ramena le cœur de Caroline d’Ancy-le-Franc à Grisy, précisément dans sa chapelle.

On a dit aussi qu’il s’agissait de cœur de Marie-Louise, ex impératrice des français, mais ce n’est qu’une légende dont la vraisemblance n’était cependant pas impossible, car entre temps, sa situation l’avait rapproché de cette Marie-Louise, veuve de Napoléon 1er , qu’elle avait oublié en se remariant avec Neipperg, lequel, mort ç son tour, laissait libre le cœur et la main de l’ex impératrice, alors Grande Duchesse de Parme.

Encouragée par Metternich, et même par son père, elle tomba dans les bras du Comte de Bombelles et l’épousa secrètement vers 1830.

Chassés du trône de Parme par un mouvement populaire en 1831, Marie-Louise demeura pourtant dans sa capitale jusqu’à sa mort en 1847.

Quant à de Bombelles qui durant 17 ans avait dû se partagé entre Parme et Vienne où Ferdinand, succédant à son père, l’avait maintenu dans ses fonctions, il devait perdre ses prérogatives à la suite de la révolte des Viennois en 1848.

Il revint alors en France, et vécut encore quelques années, entre Grisy et Versailles où il mourut de 30 mai 1856.

Selon son désir il fut inhumé à Grisy le 4 juin de la même année, puis, par une pieuse intention, ses cendres furent transférées dans l’église, près du cœur de Caroline, le 30 mai 1857.

Comme quoi, on revient toujours à son premier amour.

Nous devons ajouter que l’urne où repose le cœur de la comtesse semble porter des traces de profanation récente.

C’est peut être aussi à cause du Comte de Bombelles que l’on doit, à cette époque, la présence à Toussacq du Marquis de Chérisey, apparenté à une certain Koenig de Gyöngyösy, vraisemblablement d’origine Hongroise, mais les documents consultés ne nous permettent aucune affirmation à ce sujet.

Ce qui parait plus certain, c’est que Napoléon III aimant le charme de Fontainebleau, de nombreux personnages du 1er et du second empire s’implantèrent dans la région pour se rapprocher de la résidence impériale.

Tel est sans doute le cas du Comte Bigot de Préameneu, arrivé à Balloy à cette époque, et dont le grand-père, ministre des cultes de Napoléon 1er, c’est rendu particulièrement célèbre en rédigeant avec Tronchet, Maleville et Portalis, le fameux Code Civil.

Il est possible que c’est en souvenir des services rendus par ce grand juriste à la France et à son oncle, et pour marquer son amitié à la famille de Préameneu, que Napoléon III offrit en 1870, un calice d’argent à l’église de Balloy.

Malheureusement, le second empire fut comme le premier, émaillé de champs de bataille, et les français portèrent successivement les armes contre la Russie, l’Autriche, la Chine, le Mexique, et finalement la Prusse.

Rien n’avait effrayé Napoléon III dans ses entreprises guerrière, rien ne l’avait arrêté, ni l’inconnu, ni les distances, ni les forces ennemies, ni même le redoutable Bismarck.

Pour sa guerre dernière, pourtant, il avait présumé des forces de la nation, déjà fatiguée de tant de conflits, et divisés en elle-même par la républicains d’une part, et les royalistes de l’autre, lesquels minaient une puissance qui, bien que réelle, ne répondait plus au commandement de l’autorité.

En outre, les Prussiens, mieux préparés, étaient un danger certain, sous estimé sans doute, mais auquel on aurait pu faire face si l’Empereur avait été doué des qualités militaires de son oncle, mais la trahison de Bazaine et sa capitulation suivant de peu celle de Mac-Mahon, devait précipiter les évènements.

A Paris, on se hata de proclamer le République, et après s’être occupé de politique, on commença à penser à la présence de l’ennemi sur le sol de France, mais il était trop tard pour agir efficacement, la partie était perdue.

Pendant ce temps, que se passait-il en Bassée ?

Cette fois encore, reportons nous aux renseignements que nous fournit Louis Roubault :

« Le 12 septembre 1870, à l »approche de l’ennemi, on fit, bien inutilement d’ailleurs, sauter une partie du pont de Bray.

Comme la ville ne pouvait être défendu par la garde nationale et que, d’un autre côté des quelques troupes de l’armée active qui restaient encore étaient refoulées sous Paris, le sacrifice ne pouvait servir à rien . »

Puis il ajoute :

« Nous relatons ici un fait qui se serait passé à Bray pendant la guerre.

Deux soldats prussiens, chargés du courrier, arrivèrent un soir, à la nuit tombante. Ils s’arrêtèrent à l’hotel de ville et racontèrent que les francs-tireurs avaient tiré sur eux, dans le parcours qu’ils venaient d’effectuer de Nogent-sur-Seine à Bray. En effet, les pauvres diables avaient reçu du plomb de chasse au visage, et l’un d’eux paraissaient assez gravement atteint. On les emmena à l’auberge : Au Rendez-vous de la Marine, rue du Minage, où ils furent pansés et soignés, et où ils passèrent la nuit. Ils partirent le lendemain matin, dans la direction de Montereau, après avoir vainement réclamé une sacoche contenant des valeurs.

Cette sacoche avait dû être dérobée, la veille, à l’hotel de ville lors de l’arrivée des deux postiers. Informé du vol, les autorités prussiennes emmenèrent M. Blanc, maire de la ville, comme otage à Montereau. Deux courageux citoyens l’accompagnèrent : Messieurs Hebert et Guerrier.

L’enquête ayant démontré que M. Blanc ne pouvait avoir favorisé ou autorisé le vol, et qu’il y était complètement  étranger, ce magistrat fut remis en liberté ; mais pour punir les habitants de n’avoir pas dénoncé le coupable, on ordonna le pillage de la ville. Heureusement, l’énergie et le dévouement de M. Blanc firent fléchir les Prussiens et sauvèrent Bray d’une destruction totale ».

Nous arrivons à l’époque du siège de Paris.

On sait combien furent pénibles aux parisiens, ces mois durant lesquels ils furent coupés du reste du pays.

On connait quelles furent les difficultés du ravitaillement, et les récits qui nous ont été transmis.

Pourtant, un autre souci préoccupait les habitants de la capitale et leurs dirigeants : la correspondance.

On imagine alors de créer une « poste aérienne » et plusieurs ballons chargés du courrier furent lâchés . on essaya aussi mais sans grand succès d’utiliser des pigeons et des hirondelles.

Cependant, la grosse difficulté n’était pas tellement de sortir le courrier de Paris, mais plutôt de l’y faire parvenir.

C’est alors que deux ingénieurs inventèrent une poste « sous-marine ».

Ce système consistait à introduire les lettres dans des engins étanches confiés au fil de l’eau, et recueillit à Paris par des filets tendus en travers de la Seine.

Tout le courrier de France pouvait dès lors être adressé à Paris en mentionnant l’adresse la formule : via Moulins.

En effet, pour faciliter les opérations postales, toutes les lettres étaient centralisées à Moulins, et dès qu’une boite était complète, on l’expédiait pour être mouillée dans la Seine entre Nogent et Bray.

C’est à cause du lieu de transit et de la forme des engins qu’on les a appelés par la suite : boules de Moulins.

En décembre 1870 et janvier 1871,un certain nombre de ces boules furent confiés à la Seine, mais il apparait que pas une seule ne soit parvenue à destination.

Boules de Moulins

Ces engins, destinés à rouler sur le fond du fleuve, entrainés par la force du courant, mirent plusieurs années pour parvenir à Paris où les filets ayant été relevés entre temps, ils ne s’arrêtèrent pas.

C’est avec de nombreuses années de retard que les premières découvertes par hazard, furent relevées, plusieurs en aval de Paris, une autre à Melun.

Mais le plus grand nombre est resté dans la Bassée jusqu’à maintenant, du moins à ce qu’il semble, tandis que d’autres prises dans les sables peuvent être relevées au cours des dragages .