Troisième Dynastie
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La troisième dynastie commence, nous l'avons vu, avec Philippe II Auguste. Cette fois, c'est le roi de France lui-même qui devient baron de Bray, et c'est en qualité de vassaux de l'archevêque de Sens, que les rois de France vont tour à tour aller à l'abbaye de la Pommeraie rendre hommage de leur baronnie à leur suzerain.

Dans le précédent chapitre nous avons évoqué les principaux événements de l'époque, dans le présent, nous allons tenter de retrouver les signes laissés par nos nouveaux barons.

Le château de Villeceaux garde le souvenir de Philippe Auguste. Dans ce même temps, la duchesses de Champagne avait favorisé l'accueil de  nombreux juifs chassés de leur pays par les Arabes.

La renommée des foires de Champagnes attirait sans doute ces usuriers habiles à tirer profit des opérations commerciales et financières, et la baronnie, par répercussion, et notamment à Bray, en avait accueilli un certain nombre. On raconte que certains d'entre eux se seraient saisis d'un chrétien qu'ils auraient crucifié. Le fait fut rapporté à Philippe Auguste de retour de la troisième croisade, qui se rendit immédiatement à Bray pour tirer vengeance de cette abominable atrocité, et fit brûler vifs environ quatre-vingts Juifs.

Est-ce pour perpétuer le souvenir de cette crucifixion qu'il y a eut à Bray, le rue du Calvaire, aujourd'hui rue Joseph Barra, et que la porte sud de la ville fut appelée Porte du Calvaire?

On peut aussi penser que le lieu de supplice aurait été sur la butte formée par l'amoncellement des terres déplacées lors du creusement des fossés des fortifications. La rue des buttes existe toujours.

Toutefois, certains auteurs évoquent un événement à peu près semblable à Troyes. Y a-t-il confusion? Serait-ce une légende? Nous ne ferons pas de commentaire sur ce sujet , mais observons seulement que le souvenir demeure.

Mais les Juifs, ainsi que les Croisés, apportaient du Proche-Orient une véritable calamité: la lèpre.

Déjà, dans la Bible, il est fait état de cette maladie, et l'Evangile témoigne de la guérison d'un lépreux par le Christ.

On sait que le lèpre est une maladie infectieuse, qui couvre la peau de pustules et lèse le système nerveux. Jusqu'au XXème siècle aucune guérison n'a été possible. En outre, il s'agit d'une maladie extrêmement contagieuse. La seule parade possible était l'isolement total des malades. dans l'antiquité les lépreux étaient exclus de la société.

Le Christianisme apporta au moins un allègement de la douleur morale de ces malades en les réunissant dans des établissements crées à leur intention, où les religieuses leur prodiguaient quelques soins et la nourriture. C'est en 1240, semble-t-il, que Louis IX aurait fondé à Bray la maladrerie Saint-Laurent. Cette léproserie, obligatoirement située hors des murs pour éviter toute contamination, se trouvait à l'emplacement de l'actuel cimetière, et comportait des bâtiments d'habitation et une chapelle, le tout entièrement clos de murs.

 

 

 

Les religieuses soignantes ne pouvaient plus, à l'égal des malades, avoir de rapports directs avec l'extérieur, ce qui dénote à la fois, un dévouement exemplaire, un sacrifice total, et une foi profonde.

En 1270 Louis IX part pour sa huitième croisade à laquelle il pense depuis deux ans. Il meurt à Tunis le 25 août de cette même année. Le retour de la croisade n'est qu'une suite de malheurs.

Le 22 mai 1271 Louis IX est inhumé à Saint-Denis.

Le 6 août 1297, le pape Boniface VIII promulgue la Bulle de canonisation de Louis IX qui devient Saint-Louis.

Bray gardera le souvenir de son royal baron en baptisant Place Saint-Louis la parvis de la Collégiale Notre-Dame; et le chemin de la maladrerie deviendra la Rue du Faubourg Saint-Laurent.

Avec le temps, la lèpre disparut de nos régions et la maladrerie déserte fut abandonnée. Vers 1830 la municipalité décida la destruction des bâtiments en vue d'implanter à leur place l'ancien cimetière. Avant de démolir la chapelle, par une pieuse intention, on recueillit la statue de Saint-Laurent pour la replacer dans une niche aménagée à cet effet sur une maison sise au 13 de la rue des Taupins, en signe de dévotion au Saint protecteur du quartier, dont les habitants prirent la coutume de fêter leur patron tous les ans, le 10 août.

La messe de Saint-Laurent célébrée en la collégiale voisine était particulièrement suivie, et la brioche bénie distribuée à tous les habitants du quartier. L'après-midi, des jeux et compétitions diverses ainsi qu'un concert attiraient la foule sous les tilleuls, et parfois, en soirée, un bal terminait la fête.

La dernière guerre de 1939-1945 interrompit la tradition qui ne fut pas reprise.

La maison où nichait Saint-Laurent fut vendue et le nouveau propriétaire probablement anticlérical, fit déposer la statue qui fut alors placée dans la collégiale.

Déjà, au début du siècle, un autre anticlérical, avait remplacé Saint-Louis par la Convention Nationale, et Saint-Laurent par Danton; le même, dans un autre quartier avait aussi remplacé Saint-Nicolas par le président Carnot. Les Braytois ne sont nullement xénophobes, au contraire, plutôt accueillants, mais ils seraient sensibles au respect des souvenirs qui les lient aux générations passées.

Enfin, en ce qui concerne Louis IX, certains indices nous feraient soupçonner qu'il aurait détaché de la baronnie les fiefs de La Tombe, Marolles-sur-Seine, Saint-Maurice, les Bordes, Barbey et Misy-sur-Yonne pour les réunir à ses terres de Montereau.

Après Louis IX, nos barons-rois se succèdent à un rythme accéléré tandis que les relations franco-anglaises ne vont pas cesser de se détériorer.

Philippe III ne règne qu'une quinzaine d'années et meurt en 1285, au retour d'une désastreuse campagne en Aragon.

Philippe IV qui lui succède ne semble pas être un bon administrateur ni un fin diplomate. Il est en conflit avec le pape Boniface VIII. Il combat dans les Flandres. En 1302, le 18 mai: Matines de Bruges et massacre des Français. Le 11 juillet, à Courtrai, le chevalerie française est écrasée par les Flamands. Le 20 mai 1303, Philippe IV restitue la Guyenne au roi d'Angleterre, et en 1304, il parvient à récupérer Lille, Douai et Béthune.

       

Philippe IV

Le 2 avril 1305, la reine Jeanne meurt. Rien ne va plus pour Philippe IV; après avoir dévalué la monnaie il s'attaque aux riches Templiers. En mai 1314, scandale à la cour pour adultère de ses brus Marguerite et Blanche. Enfin il meurt le 29 novembre.

Louis X le Hutin accède au trône et il est couronné le 24 août 1315; il est également héritier de sa mère Jeanne de Navarre et à ce titre, réunit la Navarre à la couronne. Il meurt le 4 juin 1316 laissant une fille, Jeanne. Cependant la reine Clémence est enceinte et Philippe le Long se fait proclamer régent. Le 4 novembre la reine met au monde un fils, Jean, qui meurt le 19. Le régent devient roi; Philippe V le Long est sacré le 6 janvier 1317. Il a sans doute besoin de fonds et bailli la baronnie de Bray à Robert, duc de Bourgogne, frère de la première femme de Louis X, et oncle de Jeanne de Navarre.

On constate que l'on ne règne pas longtemps à cette époque, et après tant de décès aussi rapprochés, Philippe V décède le 3 janvier 1322. Il ne laisse que des filles, et en raison de la loi salique, son frère Charles IV le Bel est sacrée le 11 février. Il apporte à la couronne ses comtés de la Marche et de Bigorre tout en conservant la Navarre. Son frère avait déjà apporté la comté de Poitiers. Le domaine de la couronne s'étoffe, et pour l'agrandir encore, le 1er juillet 1324, il confisque la duché de Guyenne. Ce fut une grave erreur.

Après le décès en couche de la reine Marie, il épouse en troisième noces, Jeanne d'Evreux en 1325 et lui donne la baronnie de Bray. Il meurt le 1er février 1328. La reine Jeanne est enceinte. Elle accouche le 1er avril d'une fille mort-née. C'est la fin des Capétiens directs.

Son cousin, Philippe de Valois accède au trône et est sacré le 29 mai; il devient Philippe VI. En sa qualité de baron de Bray, en 1331 il rend foi et hommage de la baronnie à l'archevêque de Sens. En 1337 Edouard III, roi d'Angleterre, revendique la couronne de France, et ce sera le début de la guerre de Cent ans.

En 1343 Philippe VI donne privilège au doyen et chanoines du Chapitre de Bray de faire cuire leur pain au four royal sans payer aucun fournage ni redevance.

Philippe VI avait abandonné la Navarre à Jeanne, fille de Louis X et épouse de Philippe d'Evreux. Après le décès de Jeanne, la baronnie de Bray, indivisée entre les couronnes de France et de Navarre, retourna à Charles VI qui vendit sa part à Charles de Navarre le 5 juin 1404.

Dans ce même temps les combats entre la France et l'Angleterre font rage, la chance tourne tantôt d'un côté et tantôt de l'autre, avec des trêves plus ou moins prolongées, et des rebellions, des révoltes, des émeutes et des alliances qui se font et se défont au gré de la fortune de l'un et de l'autre camp. C'est ainsi que le roi de France fait des concessions, en Normandie, à Charles de Navarre pour le dissuader d'aider l'Angleterre.

En comme si ces malheurs ne suffisent pas, la Grande Peste fait son apparition en 1348. Venue de Chine elle envahie pratiquement toute l'Asie, l'Afrique, puis l'Europe. On estime le nombre des victimes à 25 millions pour l'Europe et 23 millions en Asie. Le nombre de victimes en Afrique n'est pas connu. Quelques rares documents font état de pestiférés dans la baronnie et à Bray même.

Philippe meurt en 1350, son fils Jean II le Bon est fait prisonnier par les Anglais et meurt à Londres en 1364. Le dauphin Charles, régent en l'absence de son père, est sacré le 19 mai 1364 sous le nom de Charles V et lorsqu'il meurt, le 16 septembre 1380, son fils Charles n'a que douze ans.

Le duc d'Anjou assure la régence jusqu'au sacre. Charles VI est nommé dans l'histoire Charles VI le Fou. Bien que ces accès de folie ne furent que temporaires il ne fut pas le roi qu'aurait exigé la situation de la France à ce moment, quand à la reine Isabeau de Bavière, ses sentiments n'était nullement en faveur du royaume de France.

Notre propos n'est pas de relater ici l'Histoire de France proprement dite, mais plus précisément celle de la baronnie de Bray. Or nous venons de voir, c'est en 1404 que le roi de France cède la baronnie de Bray à Charles de Navarre, et nous changeons de Dynastie.